Quandon veut sortir d’un conflit de loyauté, la principale peur est de foutre en l’air ses liens, de ruiner ses relations avec sa famille, et de mettre le chaos dans sa vie ! Mais, sachez que vous pouvez très bien couper une loyauté familiale et sortir des mailles du filet, sans impact néfaste sur le relationnel
Conflit de loyauté, séparation parentale et phobie scolairePar Anglada Eulàlia, Meynckens-Fourez MurielPour citer cet article Anglada E., Meynckens-Fourez M. 2016. Le conflit de loyauté dans les cas de séparation parentale », Thérapie Familiale, 37, 3/ Dans nos sociétés actuelles, la durabilité du couple s’avère fragile et l’expérience répétée de se séparer et de reconstruire une nouvelle relation à deux, voire une nouvelle famille devient fréquente. En effet, la plupart des individus qui se sont séparés ou ont divorcé tentent de refaire leur vie et entraînent leurs enfants dans ces aventures parfois multiples Berger, 2014.Les changements rapides des modèles familiaux dans nos sociétés ne permettent plus aux individus de trouver, dans le contexte habituel de la famille traditionnelle, des réponses adéquates aux situations nouvelles auxquelles ils ont à faire face. Ils rencontrent peu de modèles auxquels ils peuvent s’identifier et se référer pour intérioriser certains aspects des relations assistons à plusieurs mouvements au sein des familles. Nous observons une tendance très marquée vers le besoin de réalisation individuelle, souvent au prix du sacrifice d’une réalisation familiale. Les sentiments, le désir personnel prennent le pas sur les besoins de l’enfant et celui-ci n’est plus actuellement un frein à l’éventuelle séparation de ses observe que dans les situations de conflit parental important, dans la majorité des cas, chaque parent reconnaît que l’enfant a besoin de l’autre parent, mais la réponse à ce besoin est entravée par le conflit conjugal. Dans les cas les plus pathologiques, l’un des parents est incapable d’accepter que leur enfant ait besoin de l’autre parent ou encore, l’enfant est instigué contre l’autre parent comme dans l’aliénation Siméon 1999 décrit que les conjoints en crise s’accrochent à leur fonction parentale. Abandonné, disqualifié, seul, le parent s’accroche à l’enfant et, à travers lui, tente de restaurer son narcissisme, sa fierté personnelle, punit aussi son partenaire de l’abandon ressenti. S’ensuit la famille monoparentale avec le surmenage du parent seul, son besoin de proximité avec ses enfants et de disqualifier l’autre parent en bloquant les identifications des enfants à ce dernier ».Dans nombre significatif de situations de séparation, un parent ne peut supporter l’idée que l’enfant ait passé des bons moments avec l’autre ». Si bien qu’il les nie, en veut à l’enfant, voire se sent détruit. Dans ces situations, lorsque l’enfant est en accord avec un parent, il se trouve automatiquement en désaccord avec l’autre parent. Ceci n’est pas sans rappeler M. Bowen cité par Meynckens, Henriquet, 2005 qui décrit ainsi les situations de clivage dans un système si vous n’êtes pas avec moi, vous êtes contre moi ».Un enfant peut aussi se sentir tout à fait déchiré lorsqu’il doit maintenir secret auprès d’un parent le fait que l’autre entretient une relation extraconjugale. Qu’il parle ou qu’il se taise, il croit trahir l’un ou l’autre. Il en est de même, à chaque étape de la recomposition familiale qui fait souffrir l’autre de la souffrance et les troubles engendrés varient d’un enfant à un autre, et dépendent de facteurs multiples comme l’âge, la personnalité, le contexte familial, entre autres. Les conflits ainsi que les changements matériels et familiaux qui en découlent peuvent entraîner chez l’enfant, un sentiment d’insécurité, voire provoquer de véritables angoisses, qui peuvent prendre différentes formes crises d’angoisse, agitation, difficulté de concentration, peur de l’abandon réactivée s’extériorisant par des troubles du sommeil, jusqu’à la crainte d’être à son tour abandonné par le parent qui est parti, voire par le parent restant. S’y ajoute un sentiment de culpabilité, car, en assistant à la séparation de ses parents, l’enfant peut penser qu’il en est la dans un conflit de loyauté, sa fidélité peut l’amener à prendre parti pour le parent qu’il estime victime de la séparation et certains parents, pris par l’intensité de leurs réactions, ne se rendent pas compte qu’ils imposent plus ou moins implicitement leurs choix à leur enfant en disqualifiant régulièrement l’autre parent, ne permettant pas à l’enfant d’en conserver une image article est issu de notre pratique clinique dans un service de consultations, résultat du constat du nombre croissant de demandes de suivis pédopsychiatriques, liés à des situations de phobie scolaire Anglada, 2015 chez des enfants pris dans une situation de conflit parental. Dans ces situations, la phobie scolaire peut être lue comme un symptôme qui prend place comme la manifestation d’un malaise au sein de la dynamique familiale. Nous avons pu constater que des enjeux semblables se retrouvaient parfois dans des familles issues de l’immigration où les enfants sont tiraillés entre deux de cet article est de discuter la question du conflit de loyauté dans les cas de séparation conflictuelle. Pour cela, nous souhaiterons aborder les points suivants Le concept de loyauté de exemple clinique d’un enfant pris dans une situation de conflit de loyauté et qui présente des difficultés éléments d’évaluation clinique dans le cas de séparation, qu’il s’agisse d’une séparation des parents ou une séparation du pays d’ conclusion, nous nous poserons la question des perspectives possibles pour les thérapeutes familiaux afin d’ouvrir des pistes d’ de loyauté Le concept de loyauté a été introduit dans le champ des psychothérapies familiales par Ivan Boszormenyi-Nagy, psychiatre d’origine hongroise qui, dès la fin des années cinquante, fut le fondateur de la thérapie contextuelle [1] croisement entre l’approche systémique et la psychanalyse Michard, 2005.Sensible aux transmissions faites d’une génération à l’autre, Boszormenyi-Nagy développe le concept de loyauté pour décrire le lien résistant et profond, unissant entre eux les membres d’une même famille, lien qui transcende tous leurs conflits. La loyauté est une force régulatrice des systèmes. Le contexte de loyauté est issu soit d’un rapport biologique de parenté, soit d’attentes de réciprocité résultant d’un engagement relationnel. Dans les deux cas, le concept de loyauté est de nature triadique. Il implique que l’individu choisisse de privilégier une relation au détriment d’une autre ».Selon Boszormenyi-Nagy 1973, c’est comme si chaque famille avait son propre livre de comptes où sont consignés les dettes et les gains c’est-à-dire les fautes ou transgressions commises, ou bien encore, les mérites. Tout se passe comme s’il existait une loi implicite imposant le remboursement ou la réparation de chaque dette. Si cette loi n’est pas respectée, le poids de la dette sera transmis à la génération suivante, où l’un des membres peut se voir délégué le rôle de veiller au remboursement ou à la retransmission de cette fonction vers un précise encore que par la filiation, l’enfant ressent d’emblée un devoir éthique de loyauté envers ses propres parents, dont il cherchera à s’acquitter. C’est une loyauté existentielle. Les parents ont acquis en quelque sorte une légitimité aux yeux de l’enfant, lequel pour se montrer loyal, devra rembourser sa dette envers eux ; il s’agit alors de loyauté verticale. A noter qu’au sein d’une fratrie ou de façon plus diffuse, dans un couple, on a à faire aux loyautés horizontales. Nonobstant, l’enfant ne sera jamais en mesure de pouvoir rendre ce qu’il a reçu de ses parents. Il pourra alors se tourner vers d’autres, vers les générations suivantes par description doit aussi tenir compte du stade développemental de la famille et de son organisation et clivage de loyauté Le conflit de loyauté s’instaure quand l’enfant est pris dans un piège. Comme mentionné auparavant, la loyauté s’établit par rapport à des questions dont les réponses peuvent entrer en compétition comme par exemple envers qui suis-je plus obligé ? Qui est le plus vulnérable dans cette situation ? La loyauté est donc un choix qui prend notamment en compte endettement, besoin, vulnérabilité et compétence du aux attentes ou aux missions des parents séparés devient le plus souvent impraticable. L’enfant tente un juste équilibre de ses loyautés par rapport au déficit de la réciprocité entre ses parents, punissant, par exemple, le parent qui lui paraît responsable ou capable de survivre plus facilement à la blessure du couple. Il essaie de réparer les injustices subies par un parent du fait de l’autre, protégeant un parent contre l’ clivage coince l’enfant entre ses deux parents et il lui est impossible de choisir. À l’inverse du conflit, où se présente toujours une porte de sortie malgré la culpabilité qui en découle, le clivage n’en offre aucune. L’enfant ne peut ni donner ni recevoir d’un parent sans être déloyal vis-à-vis de l’autre et surtout, sans craindre de le démolir. La situation de loyauté clivée rend tout recevoir inacceptable, toute dette impayable. L’impact est d’autant plus profond que la loyauté n’implique pas seulement les parents mais inclut, dans la plupart des cas, les de loyauté clivée en clinique pédopsychiatrique Michel est un enfant de 12 ans qui ne va plus à l’école. Sa mère adresse une demande de suivi pédopsychiatrique dans un service de santé mentale [2] car depuis le début de l’année, Michel a dépassé les jours [3] d’absentéisme scolaire permis par la loi belge et cela pose problème au niveau de l’école. Selon les intervenants de l’école, Michel présente une phobie les matins, depuis plusieurs mois, c’est la crise. Michel pleure et refuse de quitter la maison. Selon sa mère, il veut juste rester dans son lit et il a déjà parlé de suicide. Il refuse même de jouer au hockey, sport qu’il aime énormément. La scolarité de Michel a été marquée par un changement d’école en 5e primaire suite à un vécu d’harcèlement. Actuellement, il nous explique aimer beaucoup sa nouvelle école et avoir beaucoup d’ est le plus jeune d’une fratrie de deux. Lui et son frère Charles, âgé de 14 ans, habitent avec leur mère. Quant au couple parental, il est séparé depuis 3 ans moment où le père de Michel est parti vivre au Maroc. Il avait comme projet de développer un business de chocolats les deux années durant lesquelles Monsieur a habité au Maroc, le contact entre lui et ses enfants a été irrégulier, le père de Michel ne retournant qu’une semaine tous les quatre mois en Belgique. Néanmoins, depuis un an, alors que Michel avait 11 ans, son père est de retour en Belgique. A ce jour, le père présente des difficultés économiques, liées à la faillite de son projet de chocolats belges. Il loge actuellement chez sa mère de Michel explique avoir beaucoup souffert de la séparation. Elle a dû s’occuper toute seule des enfants. A ce jour, elle est en colère car le père de Michel a introduit auprès du juge une demande de garde faisons rapidement l’hypothèse qu’il y a des enjeux relationnels intrafamiliaux. La suite nous montrera en effet que Michel était entraîné à renforcer son symptôme, vu la dynamique familiale qui s’était développée autour de lui. Les parents et Michel seront vus à un rythme assez soutenu tous les 15 cette situation clinique, la loyauté est au cœur du symptôme. C’est pourquoi j’ai opté [4] pour des entretiens à géométrie variable entretiens individuels avec Michel, sa mère et son père, entretiens père-Michel, entretiens mère-Michel et entretiens parents-Michel. Cela m’a permis de garder une loyauté avec chaque membre de la famille. Charles, le frère de Michel a toujours été invité aux entretiens familiaux. Malheureusement, il n’a jamais voulu venir. Mon hypothèse est que le frère s’est senti culpabilisé pour des raisons que nous n’expliciterons pas deux entretiens parent-enfant et un entretien individuel, j’apprends que le juge a décidé d’une garde principale chez la mère et un week-end sur deux chez le père. Les parents semblent d’accord avec cette décision. Néanmoins, Michel refuse tout contact avec son père. Il ne veut pas aller chez lui car il l’accuse d’avoir abandonné sa famille. Il nous explique avoir honte de lui car il a perdu son emploi et qu’il doit vivre avec sa propre les deux années durant lesquelles son père a vécu au Maroc, Michel a manifesté ouvertement sa loyauté à l’égard de sa mère. Il a dépensé toute son énergie pour que sa mère soit bien, occupant là un rôle parentifié. Depuis que son père est parti, Michel et sa mère dorment loyauté a fait que Michel retrouve des sérieux bénéfices secondaires personnels et familiaux. Néanmoins, même s’il se sent renforcé en donnant, ce pouvoir qu’il a l’a angoissé très fort. Au moment où j’ai reconnu les efforts de Michel, le contact entre Michel et moi s’est noué et une porte d’entrée s’est montre bien que travailler avec un couple parental en conflit est extrêmement difficile. Le thérapeute est parfois amené à un travail d’équilibriste, veillant à respecter la partialité multidirectionnelle envers les membres de la famille présents et absents. Cette posture renseigne aussi sur l’insécurité dans laquelle les enfants peuvent se trouver. Par la suite, nous aborderons quelques éléments importants de l’évaluation clinique pédopsychiatrique dans les situations de séparation conflictuelle tout en faisant le lien avec la situation clinique de Michel et de sa éléments d’évaluation La fonction du symptôme En découvrant la fonction du symptôme, les thérapeutes peuvent comprendre en quoi le patient identifié a des bonnes raisons de fonctionner ainsi et de quelle manière chaque membre de la famille joue un rôle qui a du sens selon les impératifs du décrit bien Ausloos 2013, c’est par accident qu’un comportement aléatoire va être sélectionné et c’est à l’occasion des réactions qu’il suscite qu’il va être amplifié et finira ainsi par se cristalliser sous la forme d’un son comportement, Michel restait auprès de sa mère. Les crises qu’il présentait au moment de se rendre à l’école ont commencé à entrer dans les modalités organisationnelles du système familial et cela a eu un impact sur son économie personnelle. On pourrait faire l’hypothèse que Michel s’est investi et a été investi dans la mission de soutenir sa mère en souffrance suite à la séparation. Un enfant est souvent prêt à tout pour tenter de restaurer une place à son parent. C’est ainsi qu’on peut comprendre les différentes formes que prend la parentification. Y trouvant des intérêts familiaux et personnels, Michel s’est lancé dans cette mission et est devenu aussi le cela qu’Ausloos 2013 appelle le processus de cristallisation-pathologisation. En effet, à un moment donné, le comportement sélectionné et amplifié se cristallise, commence à devenir une habitude, à faire partie de la vie du sujet, à être le moyen par lequel on l’identifie dans son système. Changer cette dynamique est difficile car des nombreuses rétroactions négatives maintiennent alors l’équilibre trouvé par le système. La pathologisation est bien sûr liée au fait que le sujet se sent de plus en plus mal avec son comportement symptomatique, se trouvant placé dans une situation où il ne peut satisfaire les finalités familiales qu’aux dépens de ses finalités individuelles. A ce titre, le symptôme représente le compromis qui lui permet de sortir de cette incompatibilité entre ses finalités individuelles et les finalités en est-il de Pierre [5] , patient d’origine vietnamienne dont la famille a émigré en Belgique et qui lui aussi ne va pas à l’école. Ne pas s’investir en Belgique et ne pas fréquenter l’école serait à la fois un signe de loyauté à son pays et une manière de garder ses deux parents – vivant de grandes tensions conjugales – autour de lui ?L’histoire transgénérationnelle La transmission transgénérationnelle permet le transfert d’une génération à l’autre de capacités » familiales. Il s’agit de certitudes/informations/projets sur ce qui est attendu dans la famille, de telle sorte que le sujet puisse articuler son projet fondateur propre et celui de ses parents et ancêtres. Plus spécifiquement, la transmission transgénérationnelle des traumatismes est le matériel psychique familial transmis à l’état brut, sans avoir été transformé, métabolisé. Ce sont donc des contenus non élaborés et plus ou moins interdits d’élaboration qui peuvent se transmettre de génération en génération sans être type de transmission, nous la rencontrons régulièrement dans des familles émigrées. Dans ce cas, S. Hirsch Fossion, Rejas, 2007 soutient la mémoire d’appel pour évoquer comment les personnes ont fait pour s’en sortir plutôt que la mémoire de rappel qui mettrait en contact avec des images trop des entretiens familiaux, nous apprenons que la grand-mère maternelle de Michel a eu un très grave accident quand la mère de Michel avait 10 ans. Aînée de sa fratrie, de façon prématurée, la mère de Michel a dû prendre des responsabilités semblables à celles de sa mère conduire ses frères à l’école, faire la lessive … Elle n’a donc pas eu l’occasion de profiter de son adolescence mais a développé des qualités maternelles. Le grand-père de Michel, très absent à cause de son travail n’a pas pu introduire une coupure entre sa fille et ses autres enfants. On pourrait faire l’hypothèse que la mère de Michel a été un enfant parental [6] ». Dans cette situation particulière, elle s’est donnée pour mission de s’occuper du reste de la fratrie. Peut-être aussi fut-elle parentifiée par rapport à sa mère côté paternel, on sait que le père de Michel a grandi au sein d’une famille où le père était absent et la mère alcoolique. Lui, l’aîné d’une fratrie de deux nous explique avoir eu une enfance très solitaire. Depuis la fin de son adolescence, il semble y avoir une rivalité entre le père de Michel et la mère de celui-ci, dans laquelle chacun semble coincé dans son rôle. En raison de son alcoolisme, la mère du père de Michel est devenue presque dépendante de son fils et a fini par en avoir peur. Nous faisons l’hypothèse que le père de Michel a été un enfant grand-parentifié [7] ». Il a été, en quelque sorte, le parent de son parent qu’il a senti fragilisé et qu’il a essayé de soutenir à sa manière, ce qui lui donne le littérature nous montre que, dans ces situations, l’enfant devenu grand, habitué à prendre les choses en mains, n’accepte pas les limites, les contraintes, se mêle de tout, se croit tout permis, tout puissant. Amené à devenir un battant dans les relations futures, son partenaire risque d’être un battu ou un perdant Meynckens-Fourez, 2003.Dans notre cas clinique, nous apprenons lors d’un entretien avec le père de Michel que celui-ci a été infidèle à son ex-épouse à plusieurs reprises et qu’il l’a frappée une fois. Elle lui a toujours pardonné jusqu’au moment où Monsieur a décidé de quitter la concept de parentification Dans de nombreux cas de séparation conflictuelle, le couple parental risque de rompre ses engagements comme parent, de s’exploiter, d’avoir des contentieux … Lorsque les plateaux de la balance sont en déséquilibre, Boszormenyi-Nagy parle de parentification comme l’exaspération de la loyauté existentielle en cas de collusion parentale visant à exiger de l’enfant un engagement simultané et non contradictoire dans le couple des parents ou dans le soutien d’un parent contre l’ concept de parentification Haxhe, 2013 repose sur l’élément central qu’est la distorsion » de la relation, visant à placer l’autre dans une position parentale Par définition, la parentification implique la distorsion subjective d’une relation dans laquelle le partenaire ou même les enfants deviennent parents ».L’auteur introduit d’emblée deux nuances fondamentales, de forme et de degré. Tout d’abord, placer son partenaire dans une position parentale n’est pas la même chose que de placer son enfant dans une telle position. Ensuite, il y a différents degrés de parentification, allant chez un sujet du simple fantasme d’être enveloppé et soigné comme un enfant, au comportement de dépendance exigeant que l’autre le prenne en Boszormenyi-Nagy, chaque adulte possède, à certains moments, des besoins régressifs. Ces besoins seraient également naturellement présents dans la relation parent-enfant. Tout serait alors une question de proportion et d’actualisation. Une chose est de désirer que son partenaire ou son enfant prenne soin de soi à certains égards, une autre est d’adopter une position de dépendance l’obligeant à prendre celle du bon parent. Le problème se situe lorsque cet état s’inscrit dans une durée, lorsque personne ne voit les efforts de l’enfant, lorsque les attentes dépassent les capacités développementales ou, pire, lorsque ce dernier est blâmé de ne pas avoir fait ce qu’il l’adulte parentifie un enfant, la distorsion progresse d’un pas car la différence générationnelle est niée, voire inversée. L’enfant est alors perçu comme un adulte. Cette transformation de l’enfant en adulte imaginaire est, chez Boszormenyi-Nagy, la porte ouverte aux transgressions, sexuelles et incestuelles notamment, car la frontière générationnelle est le rappelle Stéphanie Haxhe 2013, Boszormenyi-Nagy identifie trois types de rôles liés à la rôle de soignant décrit l’enfant trop mature qui s’occupera de son ou ses parents ou de sa fait la différence entre les rôles de soins plus manifestes et ceux qui s’exercent de façon plus masquée. Aussi dans certains cas les enfants ont parfois de façon prématurée des responsabilités semblables à celles d’un parent. Dans notre cas clinique, nous avons observé que la mère de Michel a été amenée à prendre soin de ses frères et sœurs, en raison d’une incapacité parentale. Le père de Michel, lui s’est aussi occupé de sa mère malade. Ils ont donc adopté un rôle de soignant auprès de leur rôle de sacrifice ou de bouc émissaire décrit l’enfant qui renonce à son autonomie et adopte un rôle de victime ou de délinquant afin de réunifier sa souligne que la victime sacrifiée ne doit pas uniquement susciter notre pitié, notre compassion et nos élans sauveteurs, mais aussi être reconsidérée dans sa participation, sa collaboration et le pouvoir qu’elle en peut rôle neutre décrit l’enfant qui se montre conforme et ne réclame rien, mais qui derrière cette façade peut se débattre dans des sentiments de vide, d’épuisement émotionnel ou de dépression. Alice Miller 1983 a ainsi écrit Le drame de l’enfant doué ».Ce dernier n’est pas accessible aux thérapeutes car on ne consulte jamais pour lui puisqu’il fonctionne bien. Mais à regarder de plus près, nous dit Boszormenyi-Nagy, on s’aperçoit que la santé de cet enfant est un mythe » car la plupart du temps il souffre autant, voire davantage que le patient couple parental Dans la famille de Michel, on observe que chaque membre du couple parental est davantage dans la répétition de positions expérimentées dans leur famille d’origine, positions qui avaient entraîné manques et frustrations pour chacun. Dans ce cas, la reproduction de celles-ci au sein du couple est susceptible de participer à une rigidification ; le risque de se retourner vers les enfants pour obtenir leur soutien et/ou pour les trianguler est présent. De plus, l’un et l’autre occupaient une place d’aîné, ce qui risque plus facilement de générer de la rivalité entre eux, comme le décrit Toman 1976.Un autre élément important dans notre situation clinique, mis en évidence au cours de la recherche de Stéphanie Haxhe 2013, est la présence d’une aporie entre le couple conjugal et le couple parental comme rôle dans la mise en œuvre du processus de niveau parental, une distance est perceptible entre les partenaires, ce qui se manifeste soit par un désaccord ouvert, soit par une absence de partage et de dialogue. Ainsi, la distance entre les partenaires semble ouvrir une brèche à l’aux enfants, qui perçoivent cette distance et éventuellement la solitude d’un des deux parents. Cette configuration laisserait penser à l’enfant qu’il en est de même au niveau et son frère ont perçu d’énormes difficultés au niveau du couple conjugal. Pour cela, ils ont pris une place au sein du couple en tant que protecteurs de leur mère. La mère, en grande souffrance, semble perdue et incapable de se positionner ou de prendre les bonnes décisions pour ce qui concerne les parents de Michel, nous sommes frappées de constater qu’ils ont l’un et l’autre dû assurer un rôle parentifié, protecteur de leur mère respective sans que leur père n’intervienne pour introduire une coupure. Nous faisons l’hypothèse qu’à la génération des grands-parents, comme à la génération des parents, la fonction maternelle prise par chaque parent a été hypertrophiée sans pouvoir être articulée à une fonction paternelle. La proximité est privilégiée au détriment de la distance qui vient s’inscrire brutalement avec le départ du père au Maroc, ce qui ne fait que renforcer la proximité de Michel avec sa mère. A terme, elle est devenue symptomatique du fait de ne plus aller à l’école et de dormir dans le lit de sa sommes du reste interpellées par le nombre croissant de non-fréquentation scolaire, traduisant traditionnellement une angoisse liée à une séparation dans la famille sans que la loi ou l’exigence de l’école ne parviennent à l’enrayer. Et pourtant, c’est parfois la peur du gendarme », alliée à l’élaboration du transgénérationnel et des loyautés qui permet le retour à l’ familiale Après quelques séances, les difficultés scolaires de Michel ont disparu. Michel a été régulier à l’école et a très bien réussi son année. Petit à petit, il s’habitue à dormir dans sa chambre et peut passer des moments avec son père et son frère sans faire des crises. La situation semble bien évoluer. Néanmoins, après la fête de fin d’année à l’école, la mère de Michel nous contacte d’urgence. Michel de nouveau pleure et refuse de partir de la maison. Après un entretien avec Michel, nous apprenons que sa mère a un nouveau compagnon depuis quelques semaines. Nous nous sommes rendues compte que Michel n’avait pas fait le deuil du couple parental. Il était encore en position d’exclusivité avec sa mère et lorsque celle-ci a commencé à investir une nouvelle relation, Michel s’est placé en rivalité avec ce nouveau Siméon 2001 aborde la complexité lors des recompositions de familles. Les rangs sont bousculés, les privilèges anciens remis en question. Michel avait l’impression que la place qu’il avait prise n’était plus nécessaire. Il n’acceptait pas du tout cette nouvelle relation et faisait tout pour rester le centre de ses séances suivantes ont permis de retravailler la reconnaissance. La mère de Michel a pu remercier son fils pour le soutien apporté dans la préservation de l’équilibre familial ce qui a permis que Michel s’ thérapeutique En fonction de ces éléments, l’intervention thérapeutique s’est centrée sur différents niveaux D’abord clarifier avec Michel et ses parents la question de la séparation du couple parental pour rendre clair à Michel qu’il n’était pas le responsable de la une place au temps de chacun et essayer d’aider à la synchronisation progressive d’un présent qui respecte les rythmes de chacun. Au début de la thérapie par exemple, lors des séances père-enfant, je me suis sentie prise entre deux temporalités différentes. La temporalité du père, qui avait envie que la situation avance très vite pour renouer le contact avec son fils et la temporalité de Michel, qui avait encore besoin de temps. J’ai utilisé cette résonance pour inviter Michel à utiliser un média. On a construit ensemble, lors d’un entretien individuel, une carte STOP, qu’il a dessinée lui-même. Cette carte permettait à Michel, lors des séances familiales avec son père, d’être le garant de son temps à lui. La consigne était la suivante si quelqu’un en séance a l’impression que le temps va trop vite et que cela crée un inconfort trop grand, il est prié d’utiliser la carte STOP. Les résultats avec ce média ont été très un espace pour l’élaboration du deuil de la famille les frontières générationnelles et sortir Michel de son rôle de partenaire de remplacement dans un couple ou de représentant du parent absent. Lors des séances mère-enfant, j’ai ressenti que, après la séparation, la mère de Michel avait été confrontée à une grande solitude. Elle avait trouvé auprès de ses enfants la chaleur et la proximité qui lui faisaient défaut avec le risque de substituer au couple conjugal un couple mère-enfants. Cela lui permettait de faire le deuil du couple conjugal et d’affronter les sentiments de perte liés à ce deuil. Pour cela c’était important de reconnaître, dans un premier temps, les efforts de Michel vis-à-vis de sa mère tout en travaillant le fait que Michel n’est pas le mari de sa mère et que, comme enfant, il doit s’occuper des choses d’enfant. Après quelques séances, Michel est retourné dormir dans sa Michel de la continuité de l’implication et de la protection de chacun de ses le droit au partage des loyautés et à sa légitimité sans le risque d’être perçu comme un à la clarification du rôle de le dit bien Edith Goldbeter 2010, dans le cas d’une garde principale chez un parent, il peut y avoir émergence de l’enfant conjoint, confident et accompagnateur, ou mauvais partenaire » dans la relation conjugale. Le parent reconnaîtra en son enfant l’autre, celui qui lui a fait du tort ; nous aurons entre ce parent et l’enfant le même type de conflit que celui qui existait au niveau du couple. L’enfant sera habité par le fantôme du parent absent et aura du mal à s’en dans notre cas clinique, on observe parfois des tentatives de restaurer l’équilibre du système en attribuant à l’enfant non pas la place du conjoint absent mais celle du parent absent. L’enfant parentifié mûrit de façon accélérée, conscient des responsabilités que lui impose sa fonction par rapport au parent qui reste seul avec les enfants. En même temps, ce processus élimine toute possibilité d’élaboration de deuil puisque l’absence est recouverte par la place prise par l’enfant thérapeutes, nous devons être attentifs au fait qu’aller consulter à ce moment peut être une tentative de mettre le thérapeute à la place de l’adolescent parentifié, c’est-à-dire à la place du parent absent. C’est donc en partie un mouvement libérateur pour l’adolescent mais le risque est que celui-ci tout en se sentant autorisé à vivre sa vie, se sente coupable d’abandonner lui aussi sa famille. Dans le cadre d’une famille monoparentale, si le thérapeute accepte la place du parent absent, dans un premier temps, il est bien accepté par le système mais à terme, il risque de le figer et d’empêcher la transformation Rober, 2010.Conclusions Dans ce cas clinique, on pourrait dire que la phobie scolaire était le reflet d’une problématique familiale intriquée autour d’un conflit de loyauté. Cette situation a entraîné chez Michel un sentiment d’insécurité provoquant de véritables angoisses jusqu’à la crainte d’être à son tour abandonné par son père qui est parti, voire par sa mère. A tout cela s’y est ajouté un sentiment de culpabilité car, en assistant à la séparation de ses parents, Michel pouvait penser qu’il en était la prise en compte partagée du conflit de loyauté a permis la diminution de la culpabilité chez Michel. Pour les parents, elle correspondait à un engagement par la simple reconnaissance des mérites de Michel ». Le temps de la thérapie fut aussi celui permettant d’expérimenter des places différentes dans le système et de faire le deuil de non seulement la famille mais aussi du temps perdu » ou gagné ».___________BibliographieAnglada E., Kinoo P., 2015. Phobie scolaire et travail transgénérationnel. Neuropsychiatre Enfance Adolescence, 63, G., 2013. La compétence des familles. Erès-relations, Toulouse 1re édition, 1995.Boszormenyi-Nagy I., Krasner B., 1986. Between Give and Take. Brunner Mazel, New A., Spark G., 1973. Invisible loyaltie s reciprocity in intergenerational family therapy. Brunner Mazel, New S. sous la direction de, 2010. Les nouvelles familles. De Boeck, P., Rejas 2007. Prise en charge des familles traumatisées – L’apport de Siegi Hirsch, Thérapie familiale, Genève, 3, C., Berger M., 2014. Garde alternée les besoins de l’enfant. Ed. Yapaka, E., 2010. Familles recomposées, familles décomposées banalisation des deuils, in D’Amore S. sous la direction de, 2010, Les nouvelles familles. De Boeck, S., 2013. L’enfant parentifié et sa famille. Erès-relations, Run 2012/3. Les séparations conflictuelles du conflit parental au conflit de loyauté. Enfances et Psy, n° 56, M., 2003. Mère et fille du top au flop. Fille chérie, fille maudite. Cahiers critiques de thérapie familiale et des pratiques de réseau. Louvain la Neuve, De Boeck Université, 30 p., M., Henriquet-Duhamel 2005. Dans le dédale des thérapies familiales – un manuel systémique. Erès-relations, P., 2005. La thérapie contextuelle de Boszormenyi-Nagy une nouvelle figure de l’enfant dans le champ de la thérapie familiale. De Boeck, A., 1983. 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Bien qu’inspirée, à la base, par le modèle psychodynamique, la thérapie contextuelle a toutefois la particularité de mettre l’accent sur la nécessité d’intégrer les principes éthiques au processus thérapeutique lui-même. Le rôle du thérapeute est alors d’aider la famille à travailler sur la prévention des conflits émotionnels ainsi que sur le développement d’un sens de l’équitabilité parmi ses membres.[2]↑– Centre de consultations ambulatoires pour des problèmes psychologiques et/ou psychiatriques.[3]↑– En Belgique, la loi du 29 juin 1983 est celle qui régit actuellement l’obligation scolaire. Cette dernière débute lorsque l’enfant atteint l’âge de 6 ans et se termine à 18 ans. Toute absence injustifiée est signalée aux parents de l’élève mineur. A partir de la 10e demi-journée d’absence injustifiée, les parents et l’élève mineur sont convoqués à l’école. Dès la 9e demi-journée d’absence injustifiée, la direction avertit le service du contrôle de l’obligation scolaire de la Direction générale de l’enseignement obligatoire du Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles.[4]↑– Ce suivi réalisé par le Dr Anglada d’où l’utilisation du je.[5]↑– Prénom français même si les parents sont originaires d’Asie.[6]↑– Selon Minuchin, l’enfant parental est celui qui est appelé à exercer des fonctions instrumentales et/ou exécutives à l’égard de ses frères et sœurs car les parents, exerçant leur rôle jusqu’à une certaine limite, délèguent à un ou plusieurs enfants une partie de leurs responsabilités parentales.[7]↑– La parentification est le mouvement qui rend l’enfant parent de son parent.
Accueil» Rêves » Marseillaise La marseillaise est connu comme étant l'hymne national français. La marseillaise peut avoir deux sens, le premier sens inclut un conflit et le second une victoire. Entendre chanter la marseillaise: un petit conflit avec la police Vous la chanter en famille ou avec des amis: une victoire sur l'adversité Effectuez une nouvelle recherche pour trouver la
Vous recherchez Ressources Bases biblio Actualité sociale Réseau Prisme Connexion Rechercher un article, un ouvrage, une thèse PRISME travaille à la réalisation de deux bases de données bibliographiques La première, Sciences et Action Sociales, constitue la base mutualisée du réseau. La deuxième, Thesis, est dédiée à la sélection et à l'indexation de thèses en travail social. Elle est le fruit d'un partenariat avec le CNAM-CDFT. Type de documentArticle de périodiqueAuteursFernand SEYWERT, Luc KAUFMANNTitre de la revueThérapie familialevolume n°19numéro4Dates1998Pages début-finpp. 349-355Etiquettes de collationbibliographie, abstract-fra, résumé en anglaisMots-clés PrismeAdoption, Enfant en difficulté, Famille naturelle, Famille d'accueil, Thérapie, Thérapie familiale, OrigineMots-clés libresCONFLIT DE LOYAUTE Lepetit manchot ne s'autorise pas à être bien dans sa famille d'accueil car il ne veut pas faire de peine à sa maman. Ce nouvel album traite du conflit de loyauté, ce sentiment que l'enfant Qu'est ce que le conflit de loyauté? Nous pouvons dire que suite à la séparation de ses parents un enfant souhaite dans sa tête et dans son coeur continuer d’aimer et être heureux avec chacun de ses parents. Lorsque la méfiance et le mépris sont mutuels de part et d’autre, l’enfant se sent pris entre ses deux parents et peut tenter de faire plaisir à chacun de ses parents afin d’éviter le plus possible les conflits. Sentiments, comportements et conséquences pouvant apparaître lorsqu'un enfant vit un conflit de loyauté. la culpabilité sera le premier sentiment ressenti par l’enfant. Il peut se sentir responsable de la séparation et se dire que c’est de sa faute si les chicanes continuent; il s’interdira de parler d’un des parents sachant que cela crée un malaise; il peut avoir de la difficulté à s’affirmer; il peut se replier sur lui-même; il peut ressentir un désarroi immense; il peut développer une faible estime de soi; il peut avoir deux façons d’être avec chacun de ses parents; il peut inventer des histoires ou dire des mensonges seulement pour dire ce qu’il pense que son parent veut entendre. Il veut plaire à ses deux parents et ne veut pas leur faire de peine; des comportements de régression peuvent apparaître; il peut avoir des difficultés scolaires; il peut avoir une diminution de la concentration. Afin d'éviter que le conflit de loyauté ne survienne chez votre enfant vous devriez travailler à adopter les attitudes suivantes utilisez le cahier de communication pour faire vos demandes ou pour donner de l’information Le cahier suit l’enfant lors de son déplacement chez l’un ou l’autre parent. Dans ce cahier ces derniers écrivent ce qu’ils croient nécessaire de communiquer à l’autre parent. Ex. informations concernant la santé, les activités, les intérêts et les rendez-vous de l’enfant; ne parlez pas de l’autre parent ou de son nouveau conjointe devant votre enfant si ce n’est que pour en dire du positif; renforcez les forces et qualités de votre enfant, peu importe s’il vous fait penser à votre ex-conjointe; acceptez que votre enfant parle de son autre parent ou du conjointe et dise qu’il l’aime sans émettre de commentaires ou de menaces qu’il sera moins aimé s’il donne de l’affection à un autre adulte. Attention, le non verbal est tout aussi important; prenez le soin de préparer votre enfant lorsque vous prévoyez des changements dans sa routine; confiez à vos amis, à votre parenté ou à un professionnel vos difficultés personnelles; rassurez votre enfant à savoir qu’il n’est pas responsable de ces évènements. Gardez en mémoire que mieux vous gérez la situation, mieux votre enfant apprend à le faire lui aussi. Outils à téléchargerPour plus d'informations sur le sujet suivez le lien suivant Association des familles monoparentales et recomposées, La SourceTéléphone 758-4144Courriel
Conflitde loyauté : Comment protéger les enfants ? Quelles mesures prendre lorsque les conflits parentaux deviennent destructeurs pour les enfants ? Le dossier aborde plusieurs volets : la notion parfois floue pour les professionnels de conflit de loyauté ; le rôle des médiateurs familiaux, les moyens de redonner la parole aux enfants et
Elle privilégie l’accueil de fratries dans le but de soutenir le lien entre frères et sœurs parfois ébranlé par leur parcours de vie et l’accompagnement éducatif est construit autour de cette des professionnels tente d’aider chacun à se reconstruire, à s’exprimer et à retrouver ses droits. Certains d’entre eux manifestent fortement leur fragilité, leur colère, leur incompréhension. Un suivi psychologique hebdomadaire en individuel leur permet d’aborder la question du placement, les événements traumatiques qu’ils ont pu vivre, mais aussi leur place au sein de la famille et dans leur histoire. Certains présentent des difficultés scolaires nécessitant parfois un accompagnement spécifique et renforcé. Des activités de loisirs et des séjours favorisent leur épanouissement et la découverte culturelle. Accueillir des enfants dont les familles sont confrontées à des difficultés psychologiques et sociales Favoriser l’insertion ou la réinsertion sociale et scolaire de ces enfants Assurer la permanence et la reconstruction des liens sociaux et familiaux Préparer le retour des enfants au domicile familial Les enfants accueillis 20 enfants filles et garçons âgés de 3 à 13 ans à l’admission souffrant ou non de troubles du comportement et de la personnalité prioritairement en provenance du département de l’Essonne L’Accueil Modulable Le projet d’Accueil Modulable au sein de la Maison d’Enfants a été lancé en 2010 afin de proposer un accompagnement éducatif diversifié qui réponde aux besoins des enfants. Il s’agit d’un accompagnement éducatif renforcé, au domicile de la famille, avec une possibilité d’accueil en cas de crise. Cette solution offre une alternative au placement, favorise les retours en famille réussis ainsi que le maintien au domicile. Mis en place le 1er septembre 2011, pour trois mesures, le service ne cesse de voir son activité s’accroitre et est aujourd’hui mis en place pour 8 situations. Il est envisagé d’augmenter le nombre de places à 19 prochainement. Actuellement, l’équipe d’accueil modulable est composée d’une équipe comprenant une psychologue et des éducateurs placée sous la responsabilité de la Cheffe de service de La Maison d’enfants. Les professionnels interviennent cinq heures au domicile des famille par enfant accompagné. NOS PARTENAIRES l’Education Nationale les Maisons Départementales des Solidarités le Conseil Général de l’Essonne les CMP centres médico-psychologiques les clubs sportifs locaux L’Aide Sociale à l’Enfance L’ASE est placée sous l’autorité du Président du Conseil Général Direction de la Protection de l’Enfance.Elle a pour mission première la protection de l’enfance et la prise en charge des enfants qui lui sont confiés. Cette protection s’exerce dans deux cadres dans le cadre d’une mesure administrative l’accueil provisoire » AP dans le cadre d’une mesure judiciaire ordonnance de placement provisoire » OPP L’accueil provisoire AP C’est une mesure qui peut être sollicitée par les parents, les travailleurs sociaux du secteur, et/ou l’enfant auprès de l’ASE. Elle intervient lorsque parents et/ou enfants rencontrent des difficultés telles, qu’ils demandent le placement de l’enfant hors du milieu familial en le confiant à l’ASE pour une période de placement provisoire OPP Il s’agit d’une mesure de placement qui intervient sur décision du Juge des Enfants en référence à l’article 375 du Code Civil, lorsque la santé, la sécurité, la moralité d’un mineur non émancipé sont en danger ou si les conditions relatives à son éducation sont compromises . En France, l’assistance éducative est un dispositif de protection judiciaire des mineurs en danger. Tout le travail que nous menons à la Maison d’enfants vise à passer d’une situation de rivalité » avec les familles, à une complémentarité dans l’action éducative. Le projet éducatif de l’enfant nécessite une alliance éducative entre les professionnels et la famille. Les professionnels apportent une aide humaine, morale, psychologique, technique ainsi qu’un conseil éducatif mais, en aucun cas, se substituent à la famille, aux parents. Nous préférons donc parler de suppléance plutôt que de substitut » parental. La complémentarité éducative s’articule autour de trois axes Informer Consulter Négocier La maison d’enfants de Saint-Chéron et ses professionnels se sont engagés en adhérant à la Charte en faveur de l’enfant et des familles . Cette charte entre dans le plan d’orientation 2011-2016 du Conseil Général Bien grandir en Essonne ». Télécharger la Charte enfance et familleIl nous paraît essentiel de placer notre action éducative dans un système d’interaction triangulaire. Il s’agit d’éviter le double lien » qui met l’enfant en situation de conflit de loyauté si je m’intègre dans les coutumes de mon institution, je trahis ma famille si je suis en accord avec ma famille, je trahis la confiance de mes éducateurs ! Ce conflit de loyauté risque fort de mettre l’enfant au centre de tous les désaccords entre la famille et l’institution. La Maison d’Enfants à Caractère Social MECS Françoise Dolto accueille des enfants en difficulté psychosociale soit en accueil provisoire, soit par ordonnance de placement provisoire. La MECS Françoise Dolto s’appuie sur une équipe pluridisciplinaire coordonnée par Delphine DANOIS. La MECS a été créé en 1960. Découvrez l’historique du centre. 73 avenue de Dourdan 91530 Saint-Chéron 01 64 56 71 71 MECS Françoise Dolto
Titre: Conflits de loyauté : Accompagner les enfants pris au piège des loyautés familiales: Auteurs : Roland COUTANCEAU, Directeur de publication, rédacteur en chef ; Jocelyne DAHAN, Directeur de publication, rédacteur en chef ; Manon ABERGEL, Auteur ; Jacques ARGELÈS
1 Cet article s’appuie pour partie sur une communication réalisée dans le cadre d’un séminaire de re ... 2 Il existe différents types de lieux habilités à accueillir des enfants placés. Nous avons fait le ... 1Le placement d’un enfant en foyer ou en famille d’accueil est l’imposition d’un déplacement géographique d’un lieu à l’autre et d’un déplacement social du milieu d’origine vers le milieu d’accueil. Il vient bousculer le quotidien de l’enfant, de sa famille d’origine un enfant en moins et – le cas échéant – de la famille d’accueil2 un enfant en plus.En nous intéressant à ces trois groupes d’acteurs, nous allons chercher à mettre en évidence les étapes ordinaires » du parcours de chacun à partir du début du placement, et la manière dont se recomposent les trajectoires. Le point de vue de ces acteurs du quotidien de l’avant placement et du placement éclaire le sens de ce parcours et la manière dont il se série de bifurcations jalonne ce parcours, qui fait apparaître les contraintes des uns et des autres et leurs marges de manœuvre dans le dispositif institutionnel. Le champ des possibles ainsi ouvert est doublement appréhendé tout d’abord comme un carrefour dans le parcours de l’enfant, du parent, de la famille d’accueil, qui nécessite une orientation plus ou moins déterminée par des structures ou des dispositions institutionnelles, et ensuite comme un espace de projections futures. Éléments de repère 3 Emilie Potin, Annick Madec dir., Parcours de placement. Du simple lieu d'accueil à la négociatio ... 4 Les noms et les prénoms des personnes qui apparaissent dans les extraits d’entretiens qui suivent ... 2Cet article s’appuie sur les matériaux recueillis à l’occasion d’une étude sociologique commandée par le conseil général du Finistère portant sur les parcours de prise en charge des enfants qui lui sont confiés dans un cadre administratif ou judiciaire3. Le travail d’enquête a été réalisé en deux temps - examen de 350 dossiers de l’aide sociale à l’enfance soit le 1/6 des dossiers en cours de prise en charge en juin 2006 et des dossiers radiés » au cours de l’année 2005 ; - reconstitution de 18 trajectoires de placement à partir d’entretiens4 auprès d’une cinquantaine d’acteurs jeunes, parents et professionnels du champ de la protection de l’enfance. Les matériaux mobilisés ici ont été principalement constitués pendant cette deuxième phase qualitative de l’enquête. Cependant, certaines références chiffrées issues de l’étude des dossiers seront données de manière ponctuelle afin de contextualiser et d’illustrer notre des enquêtes quantitative et qualitative fait apparaître trois types de parcours de placement définis par des éléments objectifs notamment la durée du placement, le nombre de déplacements, l’âge de l’enfant au moment du premier placement… et des éléments plus subjectifs qui relèvent de l’expérience des acteurs. En fonction du parcours suivi, nous avons appelé les enfants concernés enfants placés », enfants déplacés », enfants re-placés ». Les enfants placés 5 Anne Cadoret, Parenté plurielle anthropologie du placement, Paris, L’Harmattan, 1995. 3Le parcours des enfants placés » est marqué par la continuité et la durée ces enfants ont été placés jeunes moins de 10 ans, ont connu un lieu de placement familial long et terminent ou ont terminé leur parcours dans le même lieu d’accueil. Intégré dans un autre fonctionnement familial que celui de son milieu d’origine, assuré de la continuité de la prise en charge, investi des aspirations de son lieu d’accueil – il s’agit exclusivement de placements familiaux –, l’enfant développe un parcours de placement qu’il juge de manière positive. Les parents existent mais les liens ont fluctué au cours du parcours et même s’ils persistent, les liens du quotidien ont pris le pas sur les liens du sang et les liens de droit, sans pour autant se substituer les uns aux autres. Le placement a permis de construire ce qu’ Anne Cadoret nomme la parenté d’accueil5. Les enfants déplacés 6 Michel Giraud, Le travail psychosocial des enfants placés », Déviance et Société 2005/4, vol. 29 ... 4Les enfants déplacés » sont ceux qui ont connu plusieurs lieux d’accueil sans retour au domicile familial. L’enfant investit a minima le placement parce que les conditions de son accueil ne sont pas pérennes. L’épuisement et la peur de créer des liens qui peuvent se voir fragilisés par une rupture font que l’enfant protégé par le placement se retrouve dans une situation où la sécurité n’est pas forcément plus acquise que dans son milieu d’origine. De manière symbolique, l’enfant semble avoir perdu sa place. Michel Giraud6 parle de déterritorialisation » de soi, des enfants en quête de liens et de lieux de vie improbables. Les enfants re-placés 5Les enfants re-placés » sont ceux qui ont connu un enchaînement de mesures interrompu par un ou des retours au domicile familial. L’enfant existe dans un entre-deux, entre le domicile de ses parents et le placement, dans un mouvement d’aller-retour, une forme de garde alternée ». L’enfant s’inscrit dans la continuité familiale et il est assuré que son chez lui » est chez ses parents. La mesure de protection, même si elle concerne nominativement le mineur est une négociation permanente entre les différents acteurs, un jeu à trois où enfant, parents et professionnels se reconnaissent un rôle, une avons tenté d’évaluer la répartition de la population d’enquête sur dossiers au sein des trois types de parcours. Pour cela nous avons été contraint de réduire la dimension idéale » de ces parcours à certains indicateurs quantitatifs. Nous avons d’abord cherché à isoler le parcours des enfants placés » 36 %, c’est-à-dire ceux qui ont été pris en charge précocement moins de dix ans, qui ont connu un nombre de lieux d’accueil restreint 1 ou 2 lieu[x] d’accueil et au moins un accueil en famille d’accueil sans retour au domicile familial. Nous avons fait le même travail pour le parcours des enfants déplacés » 19 %, c’est-à-dire ceux qui ont connu un nombre de lieux d’accueil important 3 ou 4 lieux ou plus et des déplacements favorisant la diversification des types de lieu d’accueil famille d’accueil, établissement ou autres lieux sans retour au domicile familial. Enfin, nous avons créé la catégorie de parcours des enfants re-placés » 29 % pour ceux qui ont connu au moins un retour au domicile familial. Une partie de la population ne correspond à aucun de ces trois recodages ceux qui sont arrivés tardivement dans le placement, qui ont une durée de placement courte et qui séjournent dans un nombre de lieu d’accueil restreint. Cette catégorie de parcours a été nommée les pseudos-placés » 13 %. Liée au fait que l’enquête s’intéresse à des parcours en cours de construction, l’autre difficulté est qu’elle ne prend pas en compte le parcours de placement dans son ensemble mais ce qu’il a donné à voir jusqu’à la date de l’enquête. Les proportions que nous présentons sont donc à replacer dans ce contexte d’enquête. 7 Erving Goffman, Asiles. Études sur la condition sociale des malades mentaux et autres reclus, coll ... 6Ces idéaux-types de parcours sont toutefois d’abord un instrument de connaissance pour approcher la complexité de la réalité sociale. Ils sont utilisés dans cet article pour apporter dans les extraits d’entretien des éléments de contexte sur les parcours et pour appréhender plus finement le champ des possibles dans les parcours relatifs au faut cependant préciser que nous n’allons pas lire le champ des possibles à partir des singularités de chacun de ces parcours d’enfants placés. Nous allons plutôt chercher à mettre en évidence les étapes, les passages obligés du placement et les modifications corrélatives dans la perception du parcours pour les acteurs mobilisés. Nous nous saisissons ici du concept de carrière morale tel qu’il est défini et utilisé par Erving Goffman On néglige les simples événements pour s’attacher aux modifications durables, assez importantes pour être considérées comme fondamentales et communes à tous les membres d’une catégorie sociale, même si elles affectent séparément chacun d’entre eux7. » La séparation 7Que le placement résulte d’une décision judiciaire ou administrative semble finalement avoir peu d’influence sur les manières dont chacun se représente un dispositif qui demeure, avant tout, une institution privant quotidiennement les enfants de leurs parents, les parents de leurs enfants. Ne se dissociant pas de ses parents, l’enfant paraît dans un premier temps assuré que ce sont les services sociaux et la justice qui lui veulent du mal » à lui et à sa famille. Il ne peut envisager les mesures comme une éventuelle protection, il est méfiant et sa représentation des services se confond quasiment avec celle de ses parents. 8 Cette crainte est justifiée si on considère les changements de mesure au cours de la prise en char ... 8L’acte de séparation vient confirmer cette première représentation du placement. Quand les enfants s’en souviennent et racontent, cris et pleurs traduisent la crainte et la violence symbolique et physique de l’intervention. Même dans le cas de placements préparés, l’enfant semble particulièrement affecté par les craintes parentales ; il ne s’agit pas d’un camp de vacances mais d’un placement avec la peur qu’un accueil provisoire ne se transforme en placement définitif8. Il y a dans tout placement une forme de gravité qui ne peut échapper à l’enfant. Il y a dans tout placement des parents qui sont remis en cause ou qui se sentent remis en cause, et cela n’échappe pas non plus à l’enfant. Il y a, dès l’annonce du placement, une évolution dans la manière dont l’enfant va se représenter ses parents, mais également lui-même. Même si une mesure de placement n’évoque rien pour l’enfant, son environnement familial parents, frères et sœurs y est sensible. Sa famille, sans forcément en avoir une expérience directe, est influencée voire partage les représentations collectives autour du placement Mauvais parents, pauvres enfants ». Comment pourrait-il être exempté de ces craintes et de ces représentations ? 9L’enfant, qui n’avait pas pour autant conscience d’être en danger, devient un enfant protégé. Plus qu’une forme de protection pour eux, les enfants se représentent le placement comme une sanction pour leur parent. Le sanctionneur » est donc la personne vers qui se retourne la colère et la peur autour de cet évènement, ce n’est autre que la personne physique, celle qui est présente, celle qui a dit. L’enfant est loin de pouvoir envisager le système de protection dans son ensemble, avec son organisation et ses hiérarchies, et le visage du placement est souvent pour lui celui du travailleur social qui, même s’il n’est pas dépositaire de la décision finale, agit à une extrémité du cheminement pour le placement et devient donc un ennemi » pour les parents et, par ricochet, pour l’enfant. 9 Le référent de l’aide sociale à l’enfance est un travailleur social des services sociaux départeme ... 10Plus tard, pendant le placement, l’enfant apprend à dissocier les rôles et les statuts dans l’institution et sait en jouer. Soit il essaie de faire du référent ase9 un allié dans ses rapports avec sa famille d’accueil ou son foyer, soit il continue de faire fi de ce représentant institutionnel, considérant que son implication quotidienne compte davantage et que c’est seulement à sa famille d’accueil ou son foyer quil souhaite avoir affaire. 10 Numa Murard, Biographie à la recherche de l’intimité », Ethnologie française, Presses universi ... 11Cette image du travailleur social adversaire/ennemi est d’autant plus présente pour l’enfant que, dans les premiers temps, il est isolé dans sa version des évènements, dans son expérience. Ce que les individus placés dans la zone de vulnérabilité partagent, ce n’est pas la "communauté de destin" ou la "communauté de sort" dont Colette Pétonnet faisait la caractéristique des habitants des cités de transit Pétonnet, 1982, ce n’est pas non plus l’exigence de la survie économique et ses conséquences sur la "sociabilité obligatoire" Laé, Murard, 1985, c’est plutôt la communauté d’un débat et d’un combat contre les autres et avec soi-même10. » 12Le silence autour de la séparation traduit les préoccupations des professionnels qui leur font craindre de provoquer chez l’enfant un traumatisme venant doubler celui de la séparation. Doit-on dire à l’enfant ? Et que lui dire ? Quand quelques éléments transparaissent, l’enfant s’enferme généralement dans l’expérience qu’il a vécue et ne peut ou ne veut entendre ce que d’autres ont à lui dire, ou l’interprétation qu’ils donnent de ce qu’il a vécu. Il y a donc a priori une distorsion entre la manière dont l’enfant pense son histoire et le silence, ou les quelques éléments entendus sur la justification de la mesure, qui renforce l’idée que quelqu’un ment. Dans l’image de ce menteur, il y a le travailleur social qui représente le placement, les parents et/ou l’enfant lui-même qui peuvent remettre directement en question ce qu’il a vécu et ce qu’il a pensé. Il y a un écart entre ce que l’enfant peut accepter de ses parents et ce que la société, au travers du système de protection de l’enfance, peut tolérer de la vie familiale, de l’organisation familiale, des rapports parents/enfant. 13Il y a pour l’enfant, dans les premiers temps de la séparation, une attention particulière accordée aux derniers mots des parents Je/on ne vous laissera pas », C’est pas pour longtemps » Ça a toujours été comme ça, elle a toujours dit "Je vais vous récupérer, je vais vous récupérer". Ça fait dix ans qu’on est en famille d’accueil alors qu’on devait être placés pour un mois. Elle n’a jamais fait d’effort et, à la longue… Quand on est enfant, on essaie de croire ses parents et, quand on grandit, on se fait une raison. » Anna, 20 ans / cat. enfants déplacés ». 14Le placement est donc pensé comme forcément provisoire, et personne ne lève le voile sur sa temporalité et ses modalités d’évolution parce que celles-ci sont en négociation régulière un accueil provisoire se poursuit fréquemment par un autre accueil provisoire, une mesure de placement en assistance éducative pour deux ans se renouvelle… Les modalités du contrat à l’arrivée dans le dispositif de placement semblent floues pour tous les acteurs mais principalement pour l’enfant déplacé qui cherche à ses questions des réponses que personne n’est en capacité de lui donner pourquoi je suis là ? Pour combien de temps ? Des questions trop simples pour qu’elles trouvent des est donc plongé dans un espace-temps sans repère, dans un espace social où il ne peut manifester que de la méfiance. David a peu de souvenirs de l’avant placement et s’est saisi de ce qu’on a bien voulu lui dire. I Pourquoi tu as été placé ?D Je crois que déjà ma mère ne pouvait pas me gérer, déjà en plus, elle était Elle avait quel âge ?D 18 ans. Autrement je ne sais Tu n’as jamais demandé ?D Si, sûrement mais on m’a jamais bien répondu vraiment pourquoi. » David, 13 ans / cat. enfants placés ». 15Cette méfiance sera levée au terme d’un processus plus ou moins long. Certains enfants, toujours aux prises avec la première représentation qu’ils ont eue du placement disqualification parentale, séparation brutale et non explicitée…, n’accordent pas leur confiance au dispositif ; certains la retirent après avoir connu des déplacements ; d’autres, enfin, font confiance au placement mais celle-ci demeure d’autant plus fragile que les liens créés à cette occasion sont fugaces et ne s’inscrivent qu’avec peine dans des repères spatio-temporels. 16Cette étape d’intégration dans le placement correspond à une double dynamique d’abandon qui paraît constitutive de la capacité que pourra ensuite développer l’enfant pour se faire une place ailleurs. Il s’agit à la fois du sentiment d’être abandonné par tous et dans la position d’être à lui-même son seul allié quand les uns se méfient des autres les parents des professionnels, les professionnels des parents, et également de l’action d’abandonner, de mettre entre parenthèses sa vie telle qu’elle existait avant famille, école, commune, mode de vie, réseau social, etc.. Le sentiment d’avoir été abandonné et le fait d’abandonner à son tour sont vécus comme honteux. Et se voir procurer un lieu d’accueil de substitution l’est également. Pourquoi certains parents ne peuvent-ils pas assurer la prise en charge de leurs propres enfants et obligeraient-ils de fait d’autres parents, qui remplissent déjà leur propre rôle, à le remplir doublement pour leurs enfants et pour ceux des autres ? Il y a deux sentiments dans cette question tout d’abord la honte de ne pas être bien né, d’avoir des parents jugés inaptes ; ensuite, la gêne de contraindre les enfants de sa famille d’accueil à partager leurs parents. 17Le placement crée une discontinuité dans les modes de vie de l’enfant et de ses activités sociales. L’enfant doit faire un travail de transition. Noémie explique ces petits riens » qui permettent de s’intégrer I Quelles ont été les habitudes que tu as dû intégrer quand tu es arrivée ici ?N Déjà, on mange pas tous à la même heure, si j’ai la possibilité de faire ma douche le soir, si je peux regarder la télé quand je veux, si je peux aller à l’ordinateur quand je veux, à quelle heure je dois me coucher, si je peux me coucher tard ou pas, si je peux me lever tard ou pas…I Tu veux dire que tout se demande ?N Je pense que quand on va dans une famille d’accueil, il faut s’adapter à tout ça. » Noémie, 16 ans /cat. enfants déplacés ». 11 Cette mise à distance n’a pas un sens aussi fort pour les enfants re-placés » puisque leur temps ... 18Quand l’enfant refuse la prise en charge, le placement, quand il refuse d’abandonner son mode de vie ou d’adopter un nouveau mode de vie, il exprime une forme de résistance à l’institution et/ou une forme de loyauté envers ses parents. D’un côté, en affichant ce refus en début de prise en charge, l’enfant récuse ce qui est attendu de lui par l’institution ; d’un autre côté, la séparation l’a obligé à abandonner son précédent mode de vie et à installer une première distance11 avec ses parents, celle du quotidien. L’enfant protège les rares liens avec l’avant placement mais prend conscience, petit à petit, que la mesure met face-à-face deux mondes étrangers et que, s’il ne fait pas l’effort d’appartenir à l’un d’eux, il risque de devenir étranger aux deux. La prise en charge 12 Anne Cadoret, Le devenir des enfants placés dans la Nièvre ou le jeu de la reproduction familiale, ... 19Le déplacement de l’enfant se conjugue au pluriel dans la dimension géographique, avec un environnement nouveau à appréhender et une mise à distance du lieu de vie familial ; dans la dimension culturelle, avec la mise en regard de nouveaux modes de vie ; dans la dimension quotidienne avec des nouveaux acteurs du quotidien Anne Cadoret parle d’une communauté d’accueil12… L’enfant vit souvent ce déplacement comme un évènement déstabilisateur puisqu’il n’est pas entouré de repères connus et peine à expliciter ses conditions. Le fait d’être dans sa vraie famille et puis on nous place dans un centre et après, on est récupéré dans une autre famille. Je pense que c’est un peu compliqué quand on est petit. […] On est perdu. » Joris, 16 ans / cat. enfants placés ». C’est dans l’expérience du quotidien que l’enfant va fabriquer ses repères. Le déplacement est vécu comme insécurisant et le sentiment de sécurité se reconstruit à mesure que l’environnement physique, social et humain devient familier. 13 […] Que seul le placement apparaît de nature à fournir aux deux garçons les conditions appropri ... 14 Keny Arkana , titre Eh, connard », album Entre ciment et belle étoile, 2006. 20L’expérience du placement existe au moment présent mais le futur reste sans balise. C’est-à-dire que, si le placement protège la vie de l’enfant en l’éloignant de sa vie familiale antérieure, il intervient exclusivement à court terme, dans une protection qui est pensée dans le présent, dans l’immédiat. Cette protection apparaît comme physique et matérielle, c’est une enveloppe qui permet une forme de sécurité13 mais sont oubliés les éléments qui permettent à l’enfant de se développer et de s’épanouir Arkana, jeune rappeuse de la scène française, s’adressant au responsable d’un établissement spécialisé où elle a été accueillie dans le cadre d’un placement, l’interpelle Quand tu parlais de moi, tu ne parlais jamais au futur14. » 21À long terme, l’institution ne garantit plus rien. Seul le jeu des acteurs basé sur des liens construits pendant le placement entre le lieu d’accueil – surtout s’il s’agit d’une famille d’accueil – et l’enfant permet une projection au-delà du présent, au-delà du contrat formel d’accueil. Si les enfants placés » peuvent profiter de certaines projections futures, celles-ci sont quasi inexistantes dans le cas des enfants déplacés » où seul le quotidien est partagé même si ce partage est une contrainte ; le futur quant à lui ne l’est pas et se construit en solitaire pour soi. 15 Anne Cadoret, op. cit., 1995, p. 204. 22 Enfant placé » est un statut attribué par la société mais c’est aussi une désignation d’enfant en danger par les institutions publiques, et non pas une catégorie qui existerait objectivement comme telle. L’étiquetagesemble renforcé pour l’enfant quand celui-ci est confronté aux acteurs de son environnement n’appartenant pas à l’institution du placement. Par exemple, l’école apparaît, par l’image qui y est renvoyée à l’enfant, comme un terrain fertile pour les recompositions du moi, […] rôle cruel de socialisation de l’école qui […] assigne à chacun la place qui lui a été attribuée15 ». Pour certains, cette étiquette ouvre une possibilité de revendiquer sa différence, d’être remarqué, d’impressionner. Dès lors, la cour d’école devient l’antre des contes les plus inventifs sur ce que tout le monde enfants et parents imagine des éléments qui ont trait au placement. Cherchant une forme de compassion, de reconnaissance, ou même de vérité, l’enfant placé joue de ce qu’il sait – et surtout de ce qu’il imagine – pour impressionner et/ou exister dans cette image qui lui est renvoyée – et qu’il se représente – de ce qu’il est ou de ce qu’il devrait être. Inversement, refusant l’étiquette, l’enfant peut, devant ses camarades à la sortie de l’école, annoncer ouvertement que sa maman est venue le chercher et crier de manière démonstrative Maman ! » à son assistante familiale. 23Dans le cas de l’enfant qui a intégré un autre fonctionnement familial, qui s’est fait une place ailleurs, les contraintes institutionnelles audience, rendez-vous avec le référent ase… le renvoient à son statut et sont vécues comme une somme d’humiliations J’ai été placée, j’en ai fait le deuil un an après, voire deux ans et je voulais vivre ma vie comme les autres enfants. […] Il y a toujours un petit truc qui va te rappeler que tu n’es pas comme les autres et c’est chiant » Anna, 20 ans / cat. enfants déplacés ». Le rappel du statut enferme l’enfant dans le placement et limite la manière dont il peut se projeter au-delà. 16 Dans le département du Finistère, près de 3 enfants sur 4 chez les moins de 12 ans sont placés en ... 24L’implication dans le lieu d’accueil va de pair avec la mise à distance de la famille d’origine. En s’impliquant, l’enfant se désigne d’abord par son inscription dans le lieu d’accueil, laissant au second plan les liens avec la famille d’origine. Dans la manière de se représenter soi-même, il y a l’histoire antérieure, que l’enfant n’oublie pas, et il y a le quotidien qui organise sa vie et ne laisse que peu de place aux liens avec les parents. Le placement en famille d’accueil demande à l’enfant un plus fort engagement que le placement en foyer. Ceci tient sans doute au fait que le foyer est une structure gérée par des professionnels et exclusivement par eux, où tout est formalisé règles de vie, manières de se comporter…. Dans une famille d’accueil, les règles sont bien plus implicites ; pour les maîtriser, il faut un engagement de l’intérieur, une implication qui va au-delà des règles formelles. Dans un foyer, l’enfant maîtrise le rôle qu’on attend de lui ; dans une famille d’accueil, l’enfant doit apprendre à se conformer aux singularités de la famille, sinon il y est simplement accueilli et ne fera pas partie de la famille ; il peut même être invité à se déplacer. L’orientation vers un accueil familial ou collectif est fonction de deux critères principaux l’âge de l’enfant et sa trajectoire dans le placement. Plus l’enfant est jeune et plus il a une trajectoire antérieure de placements stable, plus il est probable qu’il soit accueilli dans une famille16. 17 De la même manière que les acteurs du placement qui ne tiennent pas compte des sociabilités amical ... 25Quand, pour des raisons de contraintes institutionnelles indépendantes de sa volonté, un enfant est amené à changer de lieu d’accueil, le deuxième déplacement est vécu comme une désillusion s’il a investi son premier lieu d’accueil. Tu as tes copines, en 10 ans, tu t’habitues à tes copines, t’as ton lycée – j’étais en seconde générale à l’époque – t’as tout ça et puis du jour au lendemain, tu ne vois plus personne parce qu’on te fout dans une autre ville. » Anna, 20 ans / cat. enfants déplacés », placée pendant 9 ans dans la même famille d’accueil puis déplacée à l’âge de 17 ans. Ce déplacement témoigne du peu d’intérêt qui est porté à ce que l’enfant construit dans le placement. À l’instar de ce qui se passe pour la première séparation, ce qui apparaît primordial à l’institution c’est de mettre l’enfant à l’abri, de lui trouver une place quelque part ; rien n’est mis en œuvre pour faire perdurer les liens créés, notamment les liens amicaux17. 26Pour l’enfant, qui n’a pas encore trouvé sa place, ce déplacement traduit une espèce de victoire il signifie que l’institution a pris conscience qu’il fallait opérer un changement, reconnaissant aussi, implicitement ou explicitement, que c’est lui qui a montré la marche à suivre. Ce changement n’est pas davantage investi pour autant par l’enfant, mais il suggère qu’il peut, lui aussi, maîtriser le parcours. Ce déplacement peut être appréhendé par l’institution comme une sanction consécutive à des comportements jugés inappropriés, alors que -pour l’enfant- il est ce à quoi il voulait arriver. 27Les actes que posent les enfants ou les jeunes sont parfois référés à une pathologie mentale ou à la délinquance pour les plus âgés. Dans certaines situations, la perception d’un lien fort entre ces deux problématiques se traduit par une hospitalisation en psychiatrie quand le jeune a fugué et a été retrouvé sous l’emprise du cannabis. Le recours quasi systématique à un traitement psychologique ou psychiatrique aggrave la perception que le jeune peut avoir de sa propre situation. Certaines réponses apparaissent comme disproportionnées, voire parfois inappropriées aux problèmes » posés par les actes des jeunes ou des enfants Joris a manifesté des troubles du comportement jugés inquiétants quand il est arrivé en famille d’accueil. Rapidement, il a été étiqueté » par l’école mais aussi par les services sociaux comme relevant d’une pathologie mentale. L’assistante familiale n’y a jamais cru et a refusé de rentrer dans cette pathologisation du comportement de Joris et a tenté de mesurer la qualité des réponses qu’elle pouvait apporter à ces troubles. Joris a été suivi par une psychologue mais n’a pas intégré un établissement spécialisé et a suivi un cursus scolaire normal ». Il est au moment de l’enquête en troisième générale. 28Quand l’engagement de l’enfant dans sa famille d’accueil est doublé d’un engagement de cette dernière dans la vie de l’enfant, les supports culturels, matériels, sociaux de la famille d’accueil sont mis à la disposition de l’enfant. Alice a pu dire à la référente ase Heureusement que Laurence [assistante familiale] est là, pour trouver un lieu de stage ! » Propos restitués par la référente ase, Alice, 16 ans / cat. enfants placés. 18 Même si la famille d’accueil se défend d’être intervenue pour qu’Astrid trouve un stage et renvoie ... 29De la même manière, quand Astrid cherchait un lieu de stage ou un petit job pour avoir de l’argent de poche, elle s’est appuyée sur le réseau des connaissances de sa famille d’accueil, notamment sur le voisinage18. Ces supports entrent également en compte dans la persévérance vis-à-vis de la scolarité et dans le type de diplôme que l’enfant va finalement pouvoir obtenir. Je pense qu’un enfant placé qui veut faire des grandes études a intérêt à être dans une famille où ils sont très solidaires. Je pense que si Anna avait voulu faire de grandes études, je pense que ça valait le coup qu’on se donne de la peine pour l’aider, de la porter plus haut. Il y a des enfants qui méritent parce qu’ils ont des capacités et elle, elle avait des capacités donc moi, je l’aurais poussée à aller plus loin. » Assistante familiale de Anna, 20 ans / cat. enfants déplacés ». 19 L’institution, au vu du type de prise en charge qu’elle propose et de sa temporalité fin de prise ... 30Les supports matériels, sociaux et culturels mis à disposition de l’enfant par une famille d’accueil, un foyer, un placement il va sans dire que ces supports sont différents selon la nature même du lieu de vie et les liens entretenus avec l’institution par l’intermédiaire du référent ase19deviennent pour l’enfant le socle de comparaison avec la famille d’origine. Si elle était restée dans sa famille naturelle, elle ne serait pas au niveau où elle est aujourd’hui. » Référente ASE, Alice, 16 ans / cat. enfants placés ». 31Les représentations que l’enfant a de sa famille d’origine vont donc être modifiées par sa confrontation à des conditions matérielles, des valeurs et des normes sociales différentes. Quand les familles d’origine considèrent généralement que la réussite passe par le fait de trouver un emploi, les services du placement considèrent plutôt que l’insertion est facilitée par un diplôme, une formation, un métier Il n’aime pas l’école. Il voudrait travailler mais il est trop jeune, il a quinze ans. […] Il y a des jeunes qui n’ont plus rien à foutre à l’école. » Père d’Antoine / cat. enfants re-placés ».Ces représentations ont une forte connotation sociale. L’enfant, par les choix qu’il opère mais aussi au travers de son parcours, dit sans doute quelque chose de la proximité entretenue avec tel ou tel groupe. 32Les modalités des droits de visite et d’hébergement sont une des étapes marquant la distance entre lieu d’accueil et famille d’origine. Au début de sa prise en charge, ils sont pour l’enfant un espoir ; puis ils deviennent un poids dans la mesure où ils actualisent une caricature de ce que les enfants étaient, de ce qu’ils ne sont plus et ne peuvent plus être, mais jamais la réalité de ce qu’ils sont ou de ce qu’ils deviennent. La distance d’avec les parents est un processus qui se construit dans le temps. 33Joris s’appuie sur les appréhensions des travailleurs sociaux relatives au déroulement des visites chez son père pour exprimer son souhait qu’il n’y en ait plus. Loin de partager pourtant le même avis que les travailleurs sociaux sur son père, il se saisit stratégiquement de cette occasion pour mettre fin à ces rencontres. Ce n’est pas l’alcoolisme de son père qui le gêne mais plutôt le fait de ne pas s’y sentir à sa place, d’être forcé de le rencontrer sans qu’ils aient jamais rien à se dire, sans pouvoir se comprendre On s’ennuyait un peu là-bas, les échanges n’étaient pas… nous apportaient pas grand chose. » Joris, 16 ans / cat. enfants placés ».L’enfant joue de ce que les différents acteurs pensent ou disent. Même s’il ne partage pas leur avis il peut, dans son intérêt, faire comme si », voire augmenter leurs appréhensions pour pouvoir arriver à ses fins. 34Ces droits de visite et d’hébergement restent également un moyen de manifester une non-appartenance à l’institution et certains enfants, dans une visée stratégique, refusent de céder cet espace. Ce n’est pas tant que les relations entretenues avec les parents soient satisfaisantes pour l’enfant, mais elles sont un appui stratégique parce qu’elles permettent d’être autre chose qu’un enfant placé, un enfant de l’institution. 20 Erving Goffman, op. cit., p. 224. 35Il existe donc dans la prise en charge de l’enfant placé un ensemble de dispositions institutionnelles qui vont agir sur l’enfant et sur sa construction. Le moi semble ainsi résider dans les dispositions d’un système social donné, à l’usage des membres de ce système. En ce sens, le moi n’est pas la propriété de la personne à qui il est attribué mais relève plutôt du type de contrôle social exercé sur l’individu par lui-même et ceux qui l’entourent. Ce type de disposition institutionnelle soutient moins le moi qu’il ne le constitue20. » Le parcours du parent d’enfant placé Le placement comme une remise en cause 21 Alvaro Pires, Pierre Landreville, Victor Blankevoort, Système pénal et trajectoire sociale », Dé ... 36L’enquête sociale qui précède la mesure, ou qui se déroule en parallèle au début de la mesure, offre un point de vue centré sur la famille. Elle ne met pas en exergue les qualités de l’environnement familial de l’enfant, mais s’attache surtout à mettre en évidence les handicaps qui constituent un risque de danger pour l’enfant. Que les mineurs soient en danger ou dangereux, l’enquête s’intéresse au milieu familial comme facteur de troubles Cette importance de la famille s’explique probablement en partie par une double et contradictoire perception idéologique qu’on a de son rôle. D’un côté, elle est vue comme disposant d’un potentiel éducatif et d’encadrement très puissant, de l’autre, elle est perçue de façon si ostensible dans la trame de la conduite illégale de son membre qu’elle ne peut qu’en devenir en quelque sorte la responsable immédiate et le lieu tangible de l’intervention. L’évaluation de l’individu passe alors par l’évaluation du milieu familial et du milieu social dans lequel cette famille s’insère21. » 37Le placement, qu’il soit choisi par les parents ou contraint, participe à une mise en accusation des capacités parentales. Cette mise en accusation est souvent violente Quand la mère d’Astrid aborde le placement de sa fille, elle raconte comment elle s’est sentie mise en cause à tel point que, hospitalisée, elle s’est crue emprisonnée. […] Ils ont pris les gamins de force, les éducateurs. Astrid était dans la voiture en train de m’appeler et je n’ai même pas eu le droit de lui dire au revoir, ni rien. Au lieu de me laisser seule à la maison, les pompiers m’ont emmené à l’hosto, ils m’ont fait une piqûre. […] Et là, je me suis réveillée enfermée à double tour avec des barreaux, je croyais que j’étais en prison, c’était l’hôpital psychiatrique […] Pendant 15 jours, personne n’a eu le droit de venir me voir. » Mère d’Astrid / cat. enfants placés ». 38La remise en cause de leurs propres capacités parentales est, pour certains parents, pensée comme provisoire. Ils jouent l’alliance avec les services sociaux ou la justice ; ils vont tenter de se faire comprendre mais souvent se limitent à ce que l’on attend d’eux. Pour d’autres, au contraire, cette remise en cause est comprise dans le long terme ; le dialogue est impossible avec les professionnels de la protection de l’enfance ; chacun campe sur ses positions. La manière dont la remise en cause parentale est pensée dans le temps ses temporalités ne correspond pas à la manière dont la prise en charge de l’enfant va être envisagée, dans une autre temporalité. En d’autres termes, ce n’est pas parce que le parent est coopératif » que le placement sera écourté. 39Quand le parent pense la remise en cause à court terme, il anticipe un arrangement autour de l’enfant dans l’intérêt de l’enfant, sans pour autant envisager la fin du placement. Tandis que quand il la pense à long terme, il met de côté une éventuelle négociation avec l’institution. Il a été condamné » et se condamne à l’image véhiculée sur lui ; même s’il occupe une place d’acteur dans le placement, il ne devient pas pour autant un partenaire de l’institution dans la prise en charge de l’enfant. 40Deux processus parallèles se mettent en place au début du placement, au moment de la remise en cause des capacités parentales la projection dans le temps – c’est ce que nous venons d’aborder – et ce qu’elle produit sur le parent. Selon les situations, on peut observer trois types de réactions différentes l’appropriation autrement dit, les parents reprennent à leur compte les défaillances pointées et vont chercher à regagner de la crédibilité aux yeux de l’institution ; l’acceptation celle-ci correspond à une forme de passivité face au point de vue de l’institution. Les parents se font des alliés passifs de l’institution Ça ne se fait pas comme ça, ça ne se fait pas comme ça. On ne va pas discuter. » Père d’Alice / cat. enfants placés » ; lerefus deux conceptions s’opposent, il n’y a pas de terrain d’accord possible. Les parents combattent l’institution. 22 Jean Kellerhalls, Cléopâtre Montandon, Les stratégies éducatives des familles. Milieu social, dyna ... 41Ces types de coopération parents/professionnels peuvent être assimilés aux stratégies parentales mises en évidence par d’autres travaux22 qui utilisent les termes de collaboration, de délégation et d’opposition. 23 Centre départemental d’action sociale. 42La remise en cause des capacités parentales est un évènement majeur, puisque la procédure va ici jusqu’au placement, les services sociaux considérant qu’il y a impossibilité d’améliorer la situation de l’enfant sans passer par une séparation physique, stade ultime dans l’échelle des mesures de protection. Dès le début du placement, il existe une forme de dépossession objective de la gestion du temps au profit de l’institution même si le placement est formalisé pour une durée précise, le retour des enfants est conditionné par certaines exigences de l’institution vis-à-vis des parents. Certains l’acceptent ; d’autres maîtrisent à leur propre niveau ce qui se joue dans l’institution pour leur enfant en jouant des marges de manœuvre qui leur restent. Le père de Dylan est lucide et ne vit pas les mesures d’accompagnement comme quelque chose qui lui serait extérieur ou imposé. Il est dans la négociation continuelle et sait que, s’il a besoin des services sociaux, eux existent aussi grâce à des situations familiales comme la sienne C’est leur gagne pain […] S’il n’y avait pas des situations comme ça, le cdas23 n’existerait pas. » Père de Dylan / cat. enfants re-placés ». 43Ils profitent de la disparité des interlocuteurs qu’ils ont en face d’eux pour défendre au mieux leurs intérêts auprès de ceux qui sont prêts à les écouter. Ils court-circuitent les travailleurs sociaux et s’adressent aux cadres, ils doublent les services du conseil général et s’adressent à la justice. Le père de Dylan connaît les procédures autour du placement parce que ses deux fils aînés en ont fait l’expérience. Il est méfiant vis-à-vis de ce que les services sociaux lui proposent, c’est donc devant le juge des enfants que son point de vue a été pris en compte Ce que je reproche au système pour les deux grands, c’est qu’on n’avait rien à dire. Aujourd’hui, ça a quand même changé, la juge m’a écouté et les travailleurs sociaux faisaient la gueule. » Père de Dylan / cat. enfants re-placés ». 44Plutôt que d’attendre passivement une décision, ils anticipent et profitent de la marge de manœuvre qu’ils ont. S’ils n’arrivent pas tous à enrayer la dynamique lancée contre eux – car c’est bien comme telle qu’elle est perçue – ils conservent néanmoins une place concrète dans le jeu à trois parents/enfant/professionnel qui peut prendre la forme soit d’un bras-de-fer, soit d’un partenariat actif ou passif. 24 L’autorité parentale est un ensemble de droits et de devoirs ayant pour finalité l'intérêt de l' ... 25 Les père et mère de l'enfant bénéficiant d'une mesure d'assistance éducative continuent à exerce ... 45Un nouvel arbitre s’est installé dans la vie familiale. Il impose certes la durée du jeu mais fait également autorité. Dans le face-à-face entre institution et parent autour de l’intérêt de l’enfant24, l’un et l’autre acteur ne bénéficient pas de la même légitimité dans l’exercice de cette autorité car, pour la sécurité de l’enfant, une mesure de protection institutionnelle a modifié la vie familiale. Même si la mesure d’assistance éducative ne retire pas aux parents leur autorité parentale25, elle l’affaiblit dans sa dimension symbolique ainsi que dans l’exercice des actes quotidiens qui sont transférés à l’institution accueillant l’enfant. Une vie sans enfant 46Dès lors que le placement est formalisé, les parents doivent apprendre à vivre au quotidien sans enfant. L’apprentissage d’une vie sans enfant peut se dérouler de deux manières distinctes soit les parents choisissent de recomposer leur foyer départ, nouveau conjoint, nouveaux enfants…, soit ils se satisfont d’une vie à deux ou de célibataire, rythmée ou non de temps ponctuels d’accueil des enfants. La séparation par le placement peut se représenter par deux schémas différents, selon la manière dont elle est comprise et envisagée dans la dynamique familiale soit comme la privation d’une vie familiale et il y a donc rupture ; soit comme un espace qui permet d’aménager provisoirement le quotidien mais ne remet pas en cause la continuité familiale. Le schéma de la rupture familiale présente à son tour deux possibilités se créer une nouvelle famille, c’est-à-dire être parent pour d’autres enfants, ou abandonner toute vie familiale et cesser d’être parent. 47Dans le premier cas, le droit davoir une vie familiale passe par la création d’une nouvelle famille. Celle qui préexiste n’est pas pour autant oubliée mais, en conservant des liens avec les services sociaux, les parents prennent des risques, laissent la porte ouverte aux travailleurs sociaux sur leur nouvelle famille. Dans les récits de parents, on constate que ceux qui se sont créé une nouvelle famille ont rompu les liens avec leurs enfants placés ; ceux qui ne l’ont pas fait ont vu leurs enfants nouvellement nés être placés à leur tour. L’ abandon » des aînés aux services sociaux est souvent perçu par les parents comme la seule possibilité pour recréer de la famille. 48Pour les parents qui n’ont pas choisi, ou n’ont pas eu la possibilité, de se recréer une famille, les liens avec leurs enfants sont quasiment rompus avec le placement et ils ne peuvent donner un sens à leurs relations avec eux. Le sens de la continuité familiale n’est pas seulement à aller chercher dans le déroulement des droits de visite ou dans les rapports parent/institution ; il est également fonction des ressources des parents pour pouvoir se projeter dans des rencontres régulières quand plus rien ne les rattache à une vie ordinaire chômage, marginalisation, rupture conjugale et familiale…. 26 Nous utilisons ici l’expression générique parent » mais il va de soi que les représentations son ... 49Le sentiment d’être mère ou père de son enfant peut être dissocié d’un quotidien partagé et des représentations que l’enfant peut avoir de ses parents. Plusieurs mères ont insisté dans leurs récits sur le fait qu’elles demeuraient mères malgré le placement C’est quand même moi la mère. » Cette expression renvoie, au-delà du rôle tenu auprès de l’enfant, à l’idée que ce lien perdurera pour le parent26. La projection dans le rôle parental est pour certaines perçue comme quelque chose d’acquis à vie ; tandis que, pour d’autres, il semble que ce rôle leur a été enlevé par le placement. Les droits de visite et d’hébergement 50Le déroulement des droits de visite et d’hébergement est souvent présenté, du point de vue institutionnel, comme une vérification de la stabilité/instabilité du parent. Du côté du parent ils constituent une fenêtre sur l’enfant, sur sa vie dans le placement, mais aussi un lien, un moyen d’action possible face aux services sociaux. C’est par l’intermédiaire de l’enfant que les parents peuvent manifester leur mécontentement vis-à-vis des services de placement qui ont imposé la séparation familiale. L’enfant devient l’objet d’une observation attentive les rencontres sont fréquemment utilisées comme des espaces de comparaison entre ce que l’enfant était, ce qu’il devient ou ce qu’il est devenu. Certains parents appuient plutôt positivement ces décalages Je suis très bien ici surtout ma mère, elle a toujours accepté. Elle n’a jamais été contre. » Astrid, 20 ans / cat. enfants placés ».D’autres insistent plutôt sur ce que n’est plus l’enfant Dans un premier temps, il a eu des contacts avec sa maman et son frère mais ça se passait de plus en plus mal […] avec sa mère, elle le traitait mal "T’as grossi, t’es pas beau." Et à chaque fois ça se dégradait […] Donc après, il ne voyait plus sa mère […]. » Assistant familial de David / cat. enfants placés » ; ou le seul support d’un message à faire passer à l’institution Au début de leur placement, Astrid et David allaient en droit de visite chez leur mère accompagnés d’une travailleuse familiale. Astrid se souvient que ces rencontres étaient fluctuantes Des fois, elle n’ouvrait pas la porte donc on ne venait plus. » Astrid, 20 ans / cat. enfants placés ». 51Quand Mme Martin refuse d’ouvrir la porte pour des droits de visite, ce n’est pas parce qu’elle ne veut pas voir ses enfants. Elle cherche à faire comprendre que le jeu de l’institution qui consiste à mettre de la distance avec les enfants puis à autoriser des rencontres ne lui semble pas cohérent. Mais comment faire comprendre cette colère ? La honte de devoir prendre rendez-vous avec ses enfants ? Ne pas ouvrir la porte ne signifie pas qu’elle ne veut pas voir ses enfants mais qu’elle ne veut pas être à la disposition des services sociaux. 52L’espace de rencontre parent/enfant encadré par des professionnels et/ou par des horaires, une durée, offre un concentré de caricatures incontrôlables, entre ce que le parent voudrait être, ce qu’il espérait de ce moment, et les possibilités offertes par cet espace. Cette rencontre peut être en décalage avec ce qu’il avait imaginé de son enfant et de ce que pourrait être la relation. Son enfant demeure pour le parent celui qu’il connaît a connu, et l’idéal des relations tel qu’il se le représente peine à prendre en compte le temps qui passe. 27 Voir encadré Eléments de repère », ci-dessus. 53Les droits de visite sont aussi un moyen pour les parents de tester un éventuel retour de l’enfant et la manière dont celui-ci pourrait se dérouler. Pour les parents des enfants re-placés », la garde alternée 27» est fonction de ce qui est supporté des deux côtés. Si la fréquence des droits de visite dépend de ce que l’institution du placement autorise quand les possibilités sont ouvertes, certains parents se contentent et s’arrangent de ce qu’on leur offre. En effet, le retour total des enfants n’est pas toujours souhaité par les parents, surtout après un temps de placement qui leur a permis de se reconstruire chacun de son côté, parent d’une part, enfant de l’autre. Les liens ne sont pas rompus, et leur nature régulière assure une continuité familiale, mais les parents se satisfont du partage des responsabilités et délèguent le quotidien à des suppléants. 54La perception par les parents d’une forme de continuité familiale se révèle également au travers de leurs préoccupations relatives au retour de l’enfant. Il faut dissocier cette préoccupation de la manière dont celui-ci peut se projeter l’enfant peut avoir le sentiment de ne plus s’inscrire dans sa famille d’origine, alors que celle-ci l’inscrit comme partie d’elle-même. Le fait que les parents montrent certaines préoccupations vis-à-vis d’un éventuel retour de l’enfant Quand va-t-il rentrer ? Dans quelles conditions ? atteste qu’ils ont toujours un sentiment de responsabilité vis-à-vis de lui, même s’il est placé depuis longtemps. Cette question est, de fait, éludée quand les parents sont totalement absents durant le placement, et elle est posée de manière totalement différente quand le parent s’est recomposé une famille. Nous avons dit plus haut qu’en refondant une famille, les parents prenaient de la distance avec les services sociaux ; bien souvent, la rupture n’est pas totale et quelques rencontres ont lieu à la demande de l’enfant. Le maintien du lien se fait donc à l’initiative de l’enfant, la plupart du temps appuyé par l’institution. Il arrive alors que les parents ne soient pas demandeurs et aient confié » la totalité de leurs responsabilités à l’institution. Dans ce cas, ils ne se posent pas la question de leurs responsabilités futures vis-à-vis de leurs enfants ils estiment que ceux-ci mènent désormais leur vie ailleurs, sous une responsabilité qu’eux-mêmes ont été contraints à déléguer. 28 Chacun des parents contribue à l'entretien et à l'éducation des enfants à proportion de ses ress ... 29 L’enquête sur les dossiers ase a révélé différentes formes de précarité précarité dans le rappor ... 30 Isabelle Frechon, L’insertion sociale et familiale de jeunes femmes anciennement placées en foyer ... 55Il va sans dire que la protection offerte à l’enfant limite également une partie des responsabilités parentales, puisque celles-ci sont partagées. Comment assumer l’accompagnement d’un jeune de 18 ou 21 ans revenu au domicile parental alors qu’on ne l’a pas accompagné au quotidien les années précédentes ? Ici se pose la question des obligations légales des parents envers leur enfant majeur28, mais aussi celle du devoir moral tous les parents ne se sentent pas responsables de l’enfant devenu jeune majeur et indépendant des services de protection. Les conditions de vie des parents d’enfants placés sont généralement caractérisées par une forme de pauvreté socioéconomique29. Comment pourraient-ils accompagner l’insertion sociale et professionnelle de leurs enfants, alors qu’eux-mêmes ont des difficultés d’insertion et qu’il n’y a plus d’aides possibles après 21 ans plus de prestations familiales, plus de protection judiciaire ou administrative, pas de possibilités d’accès au rmi ? Se pose pleinement la question de la complémentarité entre solidarité institutionnelle et solidarité familiale30. Finalement, que le placement ait été souhaité ou non, le retour des enfants au domicile parental après un temps de placement long est rarement recherché par les parents car il entraîne les responsabilités parentales afférentes. 56Les recompositions du point de vue des parents à partir du placement s’opèrent en deux phases distinctes la réaction puis l’adaptation. L’une peut faire écho à l’autre, car c’est bien la perception par les parents du sens de la prise en charge institutionnelle au début du placement qui va remodeler leur mode de vie soit apprendre à vivre sans enfant ; soit vivre autrement ; soit aménager sa vie avec ses enfants. Le parcours de l’accueillant familial L’entrée dans la fonction 31 Les assistants familiaux ne sont pas répartis de manière homogène sur le territoire du Finistère. ... 32 Certaines pratiques commencent à apparaître, prenant en compte la diversification des formes famil ... 57Ce n’est pas au travers d’une ordinaire recherche d’emploi que se construit le projet d’accueillir un enfant dans sa famille. Celui-ci apparaît avant tout fondé sur une connaissance préalable de l’activité résidence dans un territoire ayant une tradition d’accueil31, activité exercée par la famille élargie, les voisins, les amis ; dans certains cas, l’adulte s’y destinant a fait lui-même l’expérience du placement durant l’enfance On va essayer de refaire ce qu’on a fait pour moi. Nous, on considère vraiment ça comme un travail. » Assistant familial. Cette activité est rarement un projet individuel32 ; elle s’inscrit dans le parcours familial de la famille d’accueil On a pris un an pour se décider. Il n’y avait pas que moi qui changeais de métier. C’est quand même un chamboulement et tout le monde participe. Il faut que les enfants acceptent de nous partager. » Assistante familiale d’Anna / cat. enfants déplacés ». 58Elle peut être une possibilité pour faire famille » présence d’enfant dans un milieu jusqu’alors sans enfant, une sorte d’assurance contre la vieillesse pour continuer à être une famille quand les enfants grandissent et qu’ils s’autonomisent en quittant le domicile familial. L’accueil peut également être perçu d’abord comme une activité professionnelle valorisante. Les facteurs aboutissant à la décision d’exercer comme famille d’accueil sont variés et s’articulent bien souvent les uns aux autres situation matérielle de la famille logement, rapport à l’emploi…, rapport avec l’ase histoire des liens entretenus avec l’institution, rapport aux enfants, fonctionnement des couples, étapes familiales départ des enfants…, liens entre l’environnement proche famille, voisinage et l’ase. 59Les activités d’assistant familial et d’assistant maternel sont deux activités exercées à domicile. Mais, pour l’une, l’activité est continue 24h/24h, pour l’autre, il y a des horaires de travail. Le travail de l’assistant familial a une visée sociale plus valorisée dans la mesure où l’accueil des enfants est conditionné par ce qu’ils ont vécu auparavant situation de danger ou de risque. 60Au-delà d’un projet professionnel, l’accueil est perçu comme un projet humain fortement valorisé socialement celui de sauver un enfant », de sortir l’enfant d’un milieu défaillant qui l’a abîmé. La notion de réparation est importante puisqu’elle affirme le rôle nécessairement positif de la famille d’accueil, qui répare ce que la famille d’origine a abîmé. Pour tous ces enfants-là, s’ils sont en famille d’accueil, c’est qu’il y a eu un problème. On ne va pas tout réparer mais pour Joris… C’était peut-être un défi que je me suis lancé, je ne sais pas, mais je veux qu’il réussisse. » Assistante familiale de Joris / cat. enfants placés ». 61L’accueil, c’est la possibilité de faire partager son quotidien familial, reconnu et certifié comme bon » par les procédures d’agrément comme assistant familial. Il s’agit de faire découvrir à l’enfant que l’on accueille tous les éléments de la vie familiale que l’on considère comme importants les repas pris ensemble, préparés collectivement, les règles de la vie familiale, les règles d’hygiène, les sorties en famille… Parce que le mode de fonctionnement familial a été évalué et jugé comme bon, les familles d’accueil sont amenées à le faire partager à d’autres au travers d’un statut non plus familial mais professionnel. 33 L’assistant familial constitue, avec l’ensemble des personnes résidant à son domicile, une famil ... 62D’un point de vue individuel, il y a pour un des membres du couple – le plus souvent la femme – l’entrée dans un métier celui d’assistante familiale. D’un point de vue collectif, il y a la mobilisation des autres membres de la famille le conjoint, les enfants et de leur réseau social famille élargie, voisinage…. La famille d’accueil n’est pas réductible au seul métier d’assistant familial33. 63Enfin, le métier d’assistant familial confère un statut particulier, reconnu par l’institution, à celui qui l’exerce. Cela ne veut pas dire pour autant que cette personne sera celle qui joue le rôle le plus important dans la prise en charge de l’enfant placé ; cela veut simplement dire que l’assistant familial sera le référent aux yeux de l’institution, son interlocuteur privilégié. Le premier accueil et les suivants 34 L’enfant arrivé plus grand prête moins à l’expression de sentiments maternels ; il ne peut plus ... 64La famille d’accueil est dès le début dans l’assurance de jouer un bon rôle auprès de l’enfant. Cependant, au-delà de ce que confère l’entrée dans le métier, d’autres éléments sont partie prenante de l’investissement qu’elle pourra développer. L’âge de l’enfant34 influence beaucoup la dynamique relationnelle. Un enfant placé à un âge précoce sera l’objet de projets professionnels et familiaux différents de ceux formulés pour un enfant placé à un âge où il est déjà porteur d’une histoire. La question des temporalités est centrale dans les projections autour de l’accueil la manière dont le placement est pensé dans le temps va conditionner les possibilités d’attachement à l’enfant et, même si la durée du placement n’est pas formalisée, l’expérience des acteurs la présume On sait d’avance. Même si c’est revu tous les deux ans, on comprend quand c’est un long placement. » Assistante familiale d’Anna / cat. enfants déplacés ». 65Un autre élément d’importance est l’ordre d’arrivée des enfants dans la famille d’accueil, et la particularité du premier le parcours des enfants qui se construisent une nouvelle parenté dans le placement enfants placés » est – dans notre enquête qualitative – caractérisé par le fait que ces enfants constituent pour la famille d’accueil les premiers enfants accueillis, ce n’est sans doute pas une coïncidence. Le premier accueil est souvent perçu par la famille d’accueil comme celui qui doit réussir du point de vue du projet professionnel et social et il est fortement investi. En évoquant son arrivée en famille d’accueil, Joris explique que l’accueil a été facilité par le fait qu’il a senti qu’il était attendu Ça se passait bien parce qu’ils [le couple d’accueil] étaient assez contents de nous voir aussi. » Joris, 16 ans / cat. enfants placés ». 35 Nous avons rencontré deux couples d’accueil où les conjoints ont demandé un agrément plusieurs ann ... 66Le premier accueil est un test de l’activité. Trois attitudes en découlent, selon la manière dont est vécue cette première expérience s’engager davantage augmenter son activité avec un agrément supplémentaire35 ; continuer conserver la même activité ; changer soit en se retirant totalement de l’activité d’accueil, soit en sollicitant un autre accueil c’est-à-dire en se laissant une deuxième chance mais avec un autre enfant. Il existe toujours un décalage entre ce que la famille d’accueil projetait avant l’accueil et la manière dont l’accueil se déroule. Le premier accueil permet aux familles d’évaluer ce qui est faisable dans un placement, et d’ajuster leurs représentations initiales de l’enfant enfant en danger, de sa famille famille dangereuse et de l’institution son organisation, ses professionnels, sa hiérarchie, les recours possibles. Les accueils qui suivront le premier d’accueil n’auront pas la même place symbolique. Ils feront partie d’une vie familiale installée, dont l’arrivée d’un enfant de plus ne modifiera pas le cours. 36 Quand le premier lieu d’accueil est un établissement, la durée du placement est inférieure à un an ... 67Il ne s’agit pas pour autant de dire que, du point de vue de la famille d’accueil, les enfants se suivent et se ressemblent. La particularité de la famille d’accueil, c’est qu’elle existe comme famille avant l’accueil, et que c’est à partir du premier accueil qu’elle devient famille d’accueil, d’où les aménagements et l’appropriation d’un statut qui confère une importance particulière au premier accueil. Les accueils qui suivent sont aussi singuliers, parce que chaque enfant est différent, mais ils ne réaménagent pas directement l’organisation familiale. Contrairement aux foyers, qui ont comme particularité d’être des lieux de passage36 il est difficile pour les professionnels de se souvenir de tous les enfants qui y sont passés, la famille d’accueil ou au moins l’un de ses membres conserve en mémoire tous les enfants qui ont participé un temps à la communauté familiale. Chaque enfant fait partie de la mémoire familiale ; il ne conserve pas forcément une place, mais il en a occupé une. Le poids du quotidien 68Impliqué dans le quotidien de l’enfant, la famille d’accueil a un poids », une influence, une autorité non négligeable sur l’enfant et sur l’ensemble de ses relations – notamment sur les relations parent/enfant – par ce qu’elle peut dire et par ce qu’elle peut faire. Elle peut volontairement ou involontairement contribuer au maintien ou à la rupture des liens avec les parents biologiques, conforter ou dissuader l’enfant dans ses positionnements Quand la mère d’Astrid s’est mariée, elle a invité les familles d’accueil où ses enfants étaient placés. Certaines ont honoré l’invitation, d’autres l’ont déclinée. 69La place de chacun parents et famille d’accueil dans le placement est aussi un parcours. Le partage des compétences parentales ne va pas de soi ; il se négocie en fonction des compétences perçues chez les parents ou les familles d’accueil, par les uns ou les autres. Dans ce processus où la fonction parentale est dissociée du statut de parent, plusieurs scénarios peuvent s’observer la fonction peut être déléguée partiellement, totalement, ou encore les parents biologiques peuvent refuser de la déléguer. Ce dernier cas de figure créée une situation conflictuelle, avec deux issues possibles soit la famille d’accueil se retire de la prise en charge en invoquant l’impossibilité de travailler dans un climat de tension, de conflit de loyauté rendant impossible l’intégration de l’enfant dans un autre fonctionnement familial ; soit l’institution gère les droits de visite et d’hébergement de façon à mettre de la distance entre parents biologiques et enfant. Dans ce parcours, il est primordial pour les protagonistes d’apprendre à se connaître et à reconnaître à l’autre des compétences parentales, ou un rôle parental, pour laisser à l’autre une place physique ou symbolique dans le quotidien du placement. 70Par l’ordinaire qu’elle offre, la famille d’accueil met, souvent malgré elle, l’enfant dans un entre-deux propice à la comparaison entre milieu d’origine et milieu d’accueil. Dans ce face-à-face, outre les conditions matérielles, ce sont les valeurs qui diffèrent voire s’opposent. Toute la difficulté réside donc dans la présentation à l’enfant de nouvelles manières de vivre qui ne doivent pas disqualifier ses précédentes pratiques. Concrètement la famille d’accueil se trouve face à une impasse quand il s’agit de répondre à ces préconisations soit elle intègre l’enfant dans les bonnes » pratiques familiales et désigne par défaut celles qui sont mauvaises » ; soit elle laisse à l’enfant la possibilité de conserver ses règles familiales d’avant mais, de fait, ne lui permet pas d’intégrer un nouveau mode et groupe familial. 71Le quotidien de l’accueil est régi par deux types de règles les règles de la vie familiale, souvent implicites, qui s’apprennent en partageant l’expérience du groupe familial ; les règles institutionnelles de l’accueil, qui sont formalisées avec un tiers le référent ase garant de la neutralité » de la relation entre famille d’accueil et enfant. Le deuxième type de règles est discriminant, dans la mesure où celles-ci ne s’adressent qu’aux enfants accueillis on peut penser notamment aux démarches administratives autour des sorties ou aux appellations données aux différents membres de la famille. Quand Noémie 16 ans / cat. enfants déplacés » aborde la question des sorties, elle ne cache pas sa colère concernant les temporalités administratives qui lui sont imposées J’ai l’impression d’avoir ma vie notée sur un calendrier. » 37 Les adaptations secondaires représentent pour l’individu le moyen de s’écarter du rôle et du per ... 72Au-delà du contrat formel, ce sont le quotidien, l’expérience et la confiance mutuelle construits au cours du placement qui participent à engager les familles d’accueil dans la prise en charge au-delà du cadre strictement professionnel. Cette marge de manœuvre que se donnent certaines familles d’accueil est possible au travers du jeu d’acteurs », c’est-à-dire au travers des négociations permanentes entre famille d’accueil, parents, enfant, et représentants institutionnels. Ce qu’Erving Goffman appelle des adaptations secondaires37 permet d’ alléger » les contraintes de l’accueil des deux côtés, celui de la famille d’accueil et celui de l’enfant accueilli. 73Anne Cadoret distinguait, dans les années 1980, trois types de familles d’accueil et trois projets d’accueil différents nous et eux », la grande famille » et la famille professionnelle ». Elle signalait déjà l’apparition de nouvelles manières de faire qui ne correspondaient pas aux formes traditionnelles de l’accueil avec le modèle de la famille professionnelle ». Ces catégories paraissent encore valides aujourd’hui. Ce que nous mettrons peut-être davantage en avant, c’est le fait qu’elles peuvent se chevaucher au cours de l’expérience du placement et de l’expérience familiale. En effet, on peut imaginer le passage de la famille professionnelle » à la grande famille », par exemple. 38 Le groupe familial se construit par une expérience commune dans la durée, où les repères des uns s ... 74C’est dans la dynamique de la relation et au travers de certains éléments objectifs comme la durée du parcours ou l’âge de l’enfant à son arrivée en famille d’accueil que l’expérience du placement devient expérience familiale38, et que l’expérience familiale devient expérience professionnelle. Il est donc difficile de caractériser des types de familles qui permettent la construction de types de parcours, alors que ce sont des parcours qui construisent des individus et des groupes, et notamment des groupes familiaux. Des différences manifestes peuvent s’observer entre les jeunes générations d’assistants familiaux et les anciennes générations de familles d’accueil. Pour les plus jeunes socialisés dans le métier, les règles institutionnelles sont des repères primordiaux […] Jeannine [assistante familiale], elle est vachement réglo… Il y a beaucoup de familles d’accueil qui prennent la responsabilité d’emmener les enfants chez leurs amis, ils vérifient quand même avant… Mais Jeannine, elle ne veut aucune responsabilité sur son dos. » Noémie, 16 ans / cat. enfants déplacés ». 39 Michel de Certeau, L’invention du quotidien – 1. Arts de faire, Folio, Gallimard, 1990. 75Pour les plus anciens, la professionnalisation de l’activité bouscule des manières de faire basées sur l’expérience de l’accueil, et leur savoir-faire » demeure leur référence. Il ne s’agit pas ici d’opposer formation professionnelle et expérience mais il faut s’interroger sur la manière dont se construit la marge de manœuvre, le champ d’initiatives à l’intérieur des contraintes institutionnelles. Ce système des contraintes institutionnelles dans l’accueil se durcit en même temps qu’il offre aux individus un nouveau champ des possibles, avec des garanties et des droits pour les professionnels. La question qui demeure en suspens est celle de la place que va pouvoir occuper l’expérience d’accueil, dans le sens du résultat de la marge de manœuvre qui demeure celle du quotidien partagé. Est-ce que ce cadre qui se rigidifie laissera la possibilité aux acteurs d’innover au-delà de ce qui est prescrit, de développer des tactiques de résistance39 afin d’ajuster les règles collectives aux singularités des relations humaines ? 76Le champ des possibles de la famille d’accueil ne semble pas systématiquement dépendre des dispositions institutionnelles mais paraît particulièrement influencé par la structure même de la famille et ses évolutions. Le sens de l’accueil ne peut être lu seulement en fonction de l’expérience du placement, car il est tout autant fonction de l’expérience familiale et de ses recompositions […] Il se trouve qu’on a encore des enfants à charge et que pour Bertrand [assistant familial], il faudrait qu’il retrouve un travail, un autre travail parce qu’on ne veut plus faire d’accueil. On a maintenant une petite-fille, on aura bientôt d’autres petits-enfants. On est douze tous les week-ends avec les copains de nos filles et bon, il n’y a pas la place, c’est ingérable. » Conjointe de l’assistant familial de David / cat. enfants placés ». 77Le parcours de la famille d’accueil est régi de manière inégale par trois projets le projet familial, le projet social et le projet professionnel. Le projet familial s’étend depuis la prime adhésion à l’accueil jusqu’à l’intégration pérenne de nouveaux membres dans l’entité familiale. Le projet professionnel est un projet individuel même s’il est partagé d’apprentissage d’un métier, d’un statut, d’une fonction qui invite à se positionner en tant qu’assistant familial. Le projet social oscille entre idéaux défendus et possibilités de les mettre en œuvre. Ces projets se construisent et se remanient en fonction de l’expérience de l’accueil, des interactions avec l’enfant, sa famille et les autres professionnels du secteur social. Une même famille d’accueil peut connaître un agencement très différent de ses projets en fonction des temporalités de la carrière, mais aussi de ses expériences d’accueil. Conclusion les possibles du parcours de placement 78Nous avons voulu montrer ici que, si l’on ne considère le parcours de placement qu’à travers la dynamique des déplacements dans le temps et dans l’espace, on réduit le champ de vision à la trajectoire individuelle de l’enfant. Par contre, si on considère, le parcours de placement à travers son déplacement social, il ne peut plus être perçu comme individuel puisqu’il porte l’empreinte des acteurs et des groupes qui y participent et qui se recomposent à partir du placement. 79Le parcours de placement s’élabore et se construit au travers du jeu des acteurs et c’est seulement quand il se réduit à un parcours individuel d’enfant déplacé, c’est-à-dire qu’il n’est pas partagé, investi et élaboré collectivement, qu’il devient une expérience orientée par un seul repère le déplacement. Il y a certes tout un ensemble de règles dans l’accueil qui contraignent le parcours l’institution décide quand, où, dans quelles conditions l’enfant sera placé et le rôle de chacun dans le placement. Mais l’unilatéralité de la définition des conditions d’entrée dans le placement cache, par ses aspects très formels, un premier jeu » plus informel, qui est celui de l’adaptation c’est-à-dire de l’appréhension première d’un évènement et les comportements qui en découlent. 80En déployant les diverses dimensions de ces expériences sociales et la subjectivité de la construction des parcours des jeunes rencontrés, tant du point de vue de l’enfant que de celui des parents et des professionnels du quotidien de la prise en charge, nous avons tenté de montrer la manière dont s’invente ce parcours, au-delà des dispositions qui le déterminent, et notamment le fait qu’il est le produit d’interactions qui mettent en jeu l’institution, lales familles et l’enfant. 40 Cf. Romain Gény, "Réponse éducative" de la pjj et conversion des habitus », Sociétés et jeunesse ... 41 Isabelle Astier, Les nouvelles règles du social, puf, Paris, 2007, p. 186. 81La logique actuelle de la protection de l’enfance prône le primat de l’intervention sur décision administrative, donnant la préférence à la contractualisation directe entre acteurs familiaux et institution, autour d’un projet pour l’enfant, et d’un engagement de chacun pour une conversion40 de situation. Dans les prises en charge administratives, les temporalités sont aussi fonction des moyens que les départements se donnent pour protéger l’enfance de leur territoire. L’intervention des juges des enfants, quant à elle, est amenée à se marginaliser en se centrant sur les enfants de ceux qui ne veulent pas ou ne peuvent pas contractualiser avec l’institution. La démarcation entre protection administrative et protection judiciaire se situe dès lors beaucoup moins dans la mesure du danger encouru que dans la capacité des parents à se responsabiliser. Equiper les individus afin qu’ils puissent prendre soin d’eux-mêmes est par conséquent l’enjeu des années à venir en matière de protection sociale41. » 42 À propos des personnes incarcérées, Gilles Chantraine parle de perversité institutionnelle » qua ... 82Ici se situe le paradoxe institutionnel, quand l’injonction faite aux acteurs familiaux de se responsabiliser autour de la construction d’un projet, ne s’accompagne pas des moyens nécessaires, en termes de temporalité et d’indépendance, pour construire un tel projet pérenne. Ce paradoxe est de même nature que celui formulé par Gilles Chantraine à propos de la prison42, quand l’injonction d’un travail sur soi faite aux acteurs va de pair avec une situation de dépendance institutionnelle. Comment familles d’origine et familles d’accueil peuvent-elles prendre leur part de responsabilité dans la construction d’un projet de changement dans l’intérêt de l’enfant, si les moyens nécessaires pour maintenir ouvert ce que nous avons appelé le champ des possibles, ne sont pas disponibles, en termes de temporalité et d’autonomie ?
Conflits de loyauté : impli ation de la famille d’a ueil, et.) afin de s'en dé aler ; Construire des éléments de réponse aux questions que l’on se pose fae à l’enfant, ses parents ou les
Galurin et Mélusine 1 "sont placés en famille d'accueil" de Anne-Sophie SalibaEN RUPTUREDate de disponibilité 20 août 2022 Galurin et Mélusine, deux petits lapereaux de 5 et 6 ans qui traversent une période familiale difficile sont placés en famille d’accueil. Cet ouvrage est le premier tome d’une série destinée à expliquer aux enfants de façon ludique, les difficultés de la vie. 94g Galurin et Mélusine, deux petits lapins, arrivent dans une famille d’accueil, la famille ours, suite à la décision du juge pour petits animaux. Cette histoire, s’adresse aux enfants à partir de 3 ans, et a pour objectif de décrire cette situation inconnue et angoissante qu’est le placement familial. Galurin et Mélusine, deux petits lapereaux de 5 et 6 ans qui traversent une période familiale difficile sont placés en famille d’accueil. Cet ouvrage est le premier tome d’une série destinée à expliquer aux enfants de façon ludique, les difficultés de la vie. ISBN 9782381311456 Distribution NP Livres Auteure Anne-Sophie Saliba Illustratrice Alicia Pansardi Pages 48 Illustrations 14
\n \nconflit de loyaute en famille d accueil
vigqvp. 303 277 371 342 314 169 130 299 97

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